À Nantes, Claire Lelièvre ouvre des maisons pour jeunes migrants isolés laissés à la rue
Cette nantaise, avec l’aide de bénévoles, ouvre des maisons pour mineurs isolés étrangers livrés à eux-mêmes.
Face à la détresse des jeunes migrants errant sans toit dans les rues de Nantes, Claire Lelièvre n’a pas pu détourner le regard. Un matin, en passant devant la gare où elle stationne son vélo, elle croise à nouveau ces visages fatigués, souvent mineurs, dormant à même le sol. Ce contraste avec sa propre vie confortable la bouscule. Alors, elle agit.
“J’avais des chambres vides. Eux n’avaient rien. C’était illogique”, se souvient-elle.
Ce geste simple – héberger un jeune migrant chez elle – marque le début d’un projet bien plus vaste. En 2025, Claire fonde Maison Jeunes Migrants, une association dédiée à l’ouverture de maisons d’accueil semi-autonomes pour les mineurs isolés étrangers. L’objectif : leur offrir bien plus qu’un toit, un véritable tremplin vers l’autonomie.
Le regard de Moussa, un déclic
Claire se souvient parfaitement du jour où elle a accueilli Moussa, un adolescent ayant passé une nouvelle nuit dehors. “Je lui ai dit : ‘Ça, c’est ta chambre’, et son regard… Je ne l’oublierai jamais”, raconte-t-elle, encore émue.
Ce moment est un tournant. Claire comprend alors que son engagement n’est pas un simple geste solidaire, mais une réponse urgente à une injustice quotidienne. Son métier à l’Agence française de développement, bien qu’engagé, ne suffisait plus à apaiser sa conscience.
De l’accueil individuel à une réponse collective
D’abord, Claire accueille deux jeunes filles. Puis, successivement, d’autres adolescents. Jusqu’à quatre en même temps, chez elle. Elle gère les repas, les devoirs, les loisirs. “C’était sportif, mais formidable. C’est comme si je devenais la maman de quatre ados du jour au lendemain.”
Mais très vite, l’évidence s’impose : il faut structurer, pérenniser, élargir. Claire s’inspire de l’association Égide Solidarité 44 et fonde Maison Jeunes Migrants, avec un modèle innovant : des colocations semi-autonomes, encadrées par des binômes de bénévoles.
Une maison, une vie qui change
En juin 2025, l’association ouvre sa première maison, prêtée temporairement par un promoteur immobilier. “Elle devait être démolie, on l’a transformée en lieu de vie.” Un lieu chaleureux, structuré, où les jeunes reprennent pied.
Parmi eux, Abdoulaye, qui apprend à nager en trois semaines pour intégrer un lycée maritime ; Ibrahim, collégien à Vertou, repéré par un entraîneur comme un futur talent du foot. “Un coach m’a dit : ‘Vous avez une pépite à la maison !’”
Chaque prénom, chaque visage raconte une histoire de résilience. “Ils ont connu l’exil, les traumas, mais arrivent avec une telle force de vie. C’est une leçon quotidienne”, confie Claire.
Une urgence : pérenniser le modèle
Si le modèle fonctionne, il reste fragile. “On a la maison pour six mois, peut-être un an. Et après ?” Claire appelle les promoteurs, bailleurs et collectivités à mettre des logements vacants à disposition. Car sans lieux d’accueil, pas d’avenir pour les jeunes.
Les besoins sont clairs :
Des maisons, même temporaires
Des binômes de bénévoles, pour accompagner les jeunes
Des dons financiers, pour assurer la survie de l’association
“On a une super équipe, très engagée. Mais sans soutien plus large, on ne tiendra pas”, prévient-elle.
Une vision d’avenir
Récemment devenue mère, Claire voit encore plus loin. “Je suis heureuse que mon enfant grandisse dans cet environnement, entouré de jeunes qui ont de telles valeurs. Ils seront comme des grands frères. Ils me donnent des ailes. Avec eux, tout devient possible.”
Claire Lelièvre n’a pas seulement ouvert une porte. Elle a ouvert un horizon.
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