Amivantamab : l’espoir révolutionnaire contre les cancers ORL avancés en 2025
L’amivantamab, présenté à l’ESMO 2025, offre une efficacité rapide contre les cancers ORL avancés. Découvrez cette avancée majeure en oncologie, ses mécanismes et ses résultats prometteurs.
Présenté lors du congrès ESMO 2025 à Berlin, l’amivantamab, administré par injection sous-cutanée, ouvre une nouvelle ère pour les patients atteints de cancers avancés de la tête et du cou. Ces cancers, qui touchent plus de 12 000 personnes chaque année au Royaume-Uni, sont en constante augmentation, notamment chez les hommes de moins de 60 ans. Longtemps associés au tabac et à l’alcool, ils sont désormais majoritairement liés au papillomavirus humain (HPV). Pour les formes métastatiques ou récidivantes, les options thérapeutiques restent limitées — jusqu’à aujourd’hui.
Une pathologie en mutation, des traitements à bout de souffle
Les cancers de la tête et du cou, ou cancers ORL, regroupent des tumeurs localisées dans la bouche, la gorge, le larynx ou les sinus. Près de 90 % d’entre eux sont des carcinomes épidermoïdes, prenant naissance dans les cellules des muqueuses. Selon Cancer Research UK, ces cancers représentent la sixième forme la plus fréquente au monde.
Si le tabac et l’alcool restent des facteurs de risque majeurs, le HPV est désormais responsable de 70 % des cas, touchant particulièrement des hommes jeunes et non-fumeurs. Cette évolution épidémiologique complexifie la prise en charge. Les traitements classiques — chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie — montrent leurs limites en cas de récidive. L’immunothérapie, bien qu’efficace pour certains, laisse de nombreux patients sans solution. Le cetuximab, seul traitement ciblé approuvé, offre un bénéfice modeste et limité.
C’est dans ce contexte que l’essai Orig-AMI 4 explore une nouvelle piste : l’amivantamab, un anticorps monoclonal bispécifique développé par Johnson & Johnson. Ce médicament agit sur trois fronts : il bloque l’EGFR (un récepteur favorisant la prolifération tumorale), inhibe MET (une voie d’échappement des cellules cancéreuses) et active le système immunitaire. Une approche inédite qui pourrait changer la donne.
Un triple mécanisme d’action pour une efficacité renforcée
L’amivantamab se distingue par sa capacité à combiner trois actions thérapeutiques en une seule molécule. Premièrement, il cible l’EGFR, un récepteur surexprimé dans de nombreuses tumeurs. Deuxièmement, il inhibe MET, une protéine permettant aux cellules cancéreuses de résister aux traitements. Enfin, il mobilise les cellules immunitaires du patient, notamment les cellules NK, pour détruire les cellules tumorales.
« C’est la première fois qu’un traitement combine ces trois fonctions pour des patients atteints de cancer ORL récidivant », souligne le Pr Kevin Harrington, oncologue au Royal Marsden NHS Foundation Trust et directeur de l’étude. Autre avantage majeur : son administration par injection sous-cutanée, bien plus simple que les perfusions longues et contraignantes. Une innovation qui pourrait faciliter la vie des patients et réduire la pression sur les hôpitaux.
Des résultats cliniques prometteurs dès six semaines
L’essai Orig-AMI 4, mené sur 86 patients en impasse thérapeutique, a révélé des résultats impressionnants. 76 % des participants ont vu leur tumeur réduire ou stabiliser en seulement six semaines, un délai exceptionnellement court pour des cas aussi avancés. La survie sans progression atteint 6,8 mois en moyenne, et 62 % des patients continuaient le traitement en juillet 2025, un taux inhabituellement élevé.
La tolérance du traitement s’est avérée excellente, avec des effets secondaires principalement cutanés et légers. « Ces chiffres marquent un tournant dans la gestion de ces cancers », affirme le Pr Harrington. L’amivantamab offre non seulement une efficacité rapide, mais aussi une qualité de vie préservée, un critère essentiel pour des patients souvent épuisés par des années de traitements lourds.
Un espoir concret pour les patients
L’histoire de Carl Walsh, 59 ans, illustre parfaitement cet impact. Diagnostiqué d’un cancer de la langue en 2024, il a rejoint l’essai après l’échec de ses traitements initiaux. Après sept cycles d’amivantamab, sa tumeur a régressé, lui permettant de parler et manger normalement. « Parfois, j’oublie que j’ai un cancer », confie-t-il, soulignant le contraste avec les effets secondaires lourds de la chimiothérapie.
Pour la Pr Clare Isacke, doyenne de la recherche à l’Institute of Cancer Research de Londres, « ce traitement répond à trois critères essentiels : efficacité, tolérance et accessibilité ». Son format injectable ouvre la voie à une administration en ambulatoire, voire à domicile, simplifiant considérablement la prise en charge.
Vers une généralisation du traitement ?
Les chercheurs envisagent désormais une phase III à plus grande échelle, avec l’espoir d’intégrer l’amivantamab dans les protocoles standards. Son potentiel s’étend au-delà des cancers ORL, avec des essais en cours pour d’autres tumeurs liées à l’EGFR ou au HPV, comme certains cancers du poumon ou de l’œsophage.
« Nous avons besoin de traitements efficaces, mais aussi tolérables et accessibles. L’amivantamab répond à ces trois critères », résume la Pr Isacke. Si les résultats se confirment, ce médicament pourrait devenir une option de premier plan pour des milliers de patients en impasse thérapeutique.
L’amivantamab incarne ainsi une avancée majeure, alliant innovation scientifique et amélioration concrète de la vie des patients. Une lueur d’espoir pour ceux qui en avaient le plus besoin.



