Bangladesh : Vers la fin de la captivité pour les éléphants d’Asie, un projet ambitieux
Découvrez comment le Bangladesh réhabilite ses éléphants d’Asie captifs, une initiative historique pour sauver une espèce en danger critique d’extinction.
Avec seulement 268 éléphants résidents et 96 en captivité, le Bangladesh se mobilise pour sauver une espèce en danger critique d’extinction. Le pays a récemment lancé un projet ambitieux : récupérer les éléphants captifs et les réhabiliter dans des forêts protégées. Une initiative historique, saluée par les défenseurs de l’environnement, qui marque un tournant dans la protection de ces géants menacés.
Un constat alarmant : des éléphants en danger
Les éléphants d’Asie, classés « en danger critique d’extinction » par l’UICN, ne comptent plus que 268 individus vivant à l’état sauvage au Bangladesh, principalement dans les forêts de Chittagong et de Cox’s Bazar. À ces résidents s’ajoutent 96 éléphants captifs, exploités pour des activités illégales ou des spectacles. Pourtant, leur utilisation traditionnelle – transport de bois ou divertissement – est désormais obsolète, remplacée par des véhicules motorisés.
La situation est critique : en 2024, un éléphant est mort d’un coup de chaleur après avoir été forcé de travailler sous une chaleur extrême. Ces incidents ont poussé la Haute Cour à ordonner la fin des activités illégales impliquant des espèces sauvages. « Compte tenu de la cruauté envers ces animaux, nous avons décidé de les récupérer et de les placer dans des zones forestières adaptées », explique Syeda Rizwana Hasan, conseillère au ministère de l’Environnement.
Un projet de réhabilitation sans précédent
Le projet, d’une durée de trois ans et doté d’un budget de 3,3 millions de dollars, vise à évaluer l’état des éléphants, les racheter à leurs propriétaires, et les réhabiliter dans des forêts sélectionnées. « Nous avons identifié deux sites potentiels : Rema-Kalenga et Chunati », précise AS M. Jahir Uddin Akon, directeur du projet. « Nous consultons des experts internationaux pour garantir le succès de cette initiative. »
L’enjeu est de taille : les éléphants captifs, habitués à la présence humaine, pourraient avoir perdu une partie de leurs instincts sauvages. « Leur réintroduction nécessite une gestion prudente, notamment pour éviter la transmission de maladies », souligne Mohammed Mostafa Feeroz, professeur de zoologie.
Un héritage colonial lourd de conséquences
La captivité des éléphants au Bangladesh remonte à l’ère coloniale britannique, où ils étaient capturés pour le transport de marchandises ou l’armée. Après 1947, Dhaka est devenue un centre de détention pour ces animaux, comme en témoignent des lieux emblématiques tels que Elephant Road ou Hatirjheel. Aujourd’hui, leur exploitation illégale – notamment pour percevoir des péages – est devenue une source de conflits et de souffrance.
Des initiatives locales pour une cohabitation pacifique
Face aux conflits entre humains et éléphants, le Bangladesh a mis en place des Équipes d’Intervention Rapide (ERT) composées de locaux. « Leur rôle est crucial : informer sur les déplacements des troupeaux et éduquer les populations », explique un responsable du département des forêts. Depuis 2010, un programme d’indemnisation soutient également les familles victimes d’attaques d’éléphants.
En 2016, 44 zones forestières abritaient encore des éléphants, mais leur habitat est menacé par des projets de développement non planifiés. « Sans action, leur disparition est inévitable », alerte un expert de l’UICN.
Un espoir pour l’avenir
Ce projet marque un tournant dans la conservation des éléphants d’Asie au Bangladesh. « Même si la mise en œuvre sera complexe, chaque éléphant sauvé est une victoire pour la biodiversité », conclut Syeda Rizwana Hasan. Une lueur d’espoir pour une espèce emblématique, et un modèle pour d’autres pays confrontés aux mêmes défis.