Bientôt la fin des lâchers de ballons ?
La question des lâchers de ballons est de plus en plus débattue, et il semble que cette tradition pourrait bientôt être mise à mal.
Depuis deux décennies, l'association Robin des Bois s'efforce de sensibiliser les autorités, les associations et les organisateurs d'événements sur les dangers que ces lâchers représentent pour notre environnement. Autrefois, il était courant de voir des ballons s'envoler lors de mariages, de kermesses ou d'autres célébrations, apportant une touche de magie et d'émerveillement, surtout chez les enfants. Ces moments de joie, où un ballon s'élève dans le ciel, sont souvent perçus comme des symboles d'espoir ou des hommages à des êtres chers disparus, comme ce fut le cas lors de l'hommage à Maëlys en 2017.
Cependant, malgré la persistance de ces pratiques à travers la France, leur fréquence a nettement diminué ces dernières années. L'association Robin des Bois considère cela comme un progrès, bien que certains puissent avoir du mal à accepter cette réalité. Selon Charlotte Nithart, la présidente de l'association, ces lâchers ne sont rien d'autre qu'un abandon de déchets. En effet, une fois que les ballons atteignent le ciel, ils finissent par retomber, que ce soit sur terre ou dans l'eau, se décomposant en morceaux de latex qui polluent les écosystèmes et mettent en danger la faune. Cette prise de conscience croissante sur les conséquences environnementales des lâchers de ballons pourrait bien mener à leur interdiction définitive, incitant ainsi à trouver des alternatives plus respectueuses de notre planète.
Dans une tribune parue au début du mois de février, plusieurs organisations dédiées à la protection des océans tirent la sonnette d'alarme sur le nombre alarmant d'animaux marins victimes des déchets, estimé à des milliers chaque année. Les millions de morceaux de ballons qui se retrouvent dans l'environnement marin sont ingérés par une variété d'espèces, y compris les poissons, les cachalots, les dauphins, les tortues et les oiseaux marins. Cette ingestion entraîne des conséquences graves telles que des intoxications, des occlusions intestinales et des enchevêtrements dans les débris. En réponse à ces préoccupations, les fabricants affirment avoir adopté une approche plus écologique, en produisant des ballons en latex naturel, prétendument 100 % biodégradables. Cependant, Charlotte Nithart souligne que cette affirmation manque de fondement réglementaire et peut même être trompeuse, car ces ballons contiennent des substances potentiellement cancérigènes. L'association MerTerre rappelle également que le terme "biodégradable" ne doit en aucun cas justifier le fait de laisser ces produits dans la nature.
Pour mettre un terme aux lâchers de ballons, les membres de l'association Robin des Bois ont commencé leur campagne dès 2004, en sensibilisant les préfets, les maires, les associations et tous les organisateurs d'événements. Charlotte Nithart admet que le chemin serait long et semé d'embûches, car il s'agit d'un sujet touchant à la dimension festive des célébrations. Elle précise que leur intention n'est pas de nuire aux festivités, mais plutôt de promouvoir des alternatives qui ne nuisent pas à l'environnement. Grâce à leur détermination, leur lutte a porté ses fruits, culminant en 2014 avec la signature d'un arrêté par la préfecture d'Ille-et-Vilaine. Cet arrêté interdit les lâchers de lanternes volantes et de ballons dans les communes classées Natura 2000, ainsi que dans les zones côtières et celles particulièrement vulnérables aux incendies de forêt.
Certaines préfectures ont pris des mesures plus strictes, comme celle des Bouches-du-Rhône, qui a décidé en 2017 d'interdire définitivement les lâchers de ballons à des fins récréatives, commémoratives ou de loisir. Récemment, cette initiative a été suivie par les préfectures de la Corrèze, de la Creuse et de l’Essonne. Actuellement, les lâchers de ballons sont prohibés dans quatorze départements, et la présidente de Robin des Bois se montre optimiste, espérant que cette interdiction s'étendra à l'ensemble du pays.
vu sur 20 Minutes