Bonne nouvelle : l’azuré des mouillères résiste en Normandie !
L’azuré des mouillères, papillon rare de la Manche, voit ses pontes exploser en 2025. Une bonne nouvelle pour la biodiversité, liée au changement climatique ? Décryptage.

En Normandie, une bonne nouvelle environnementale fait parler d’elle : l’azuré des mouillères, un papillon gravement menacé, voit ses pontes exploser en 2025. Le CPIE du Cotentin, qui suit de près cette espèce rare, a révélé des chiffres encourageants après un comptage mené fin août. Avec des hausses atteignant +159 % sur certains sites, cette progression inattendue soulève des questions sur le rôle du changement climatique. Décryptage d’un phénomène qui redonne espoir aux défenseurs de la biodiversité.
Un papillon rare, symbole de la fragilité écologique
L’azuré des mouillères (Phengaris alcon), avec ses ailes bleutées et ses motifs délicats, est l’un des papillons les plus rares de France. Dans la Manche, il ne subsiste que dans les landes de Lessay, un écosystème fragile et protégé. Son déclin, observé depuis des décennies, est principalement dû à la disparition de son habitat et à la raréfaction de sa plante hôte, la gentiane pneumonanthe.
Chaque année, le CPIE du Cotentin organise des comptages pour évaluer la santé de ses populations. En 2025, les résultats ont dépassé toutes les espérances. « Les chiffres sont exceptionnels, souligne le rapport. Nous n’avions pas observé une telle dynamique depuis des années. »
Des chiffres qui surprennent les experts
Les bénévoles du CPIE ont recensé les pontes sur trois sites clés : Muneville-le-Bingard, La Feuillie, et une autre zone des landes de Lessay. Les résultats sont sans appel :
+49 % de pontes à Muneville-le-Bingard
+159 % à La Feuillie
Au total, entre 161 et 487 papillons auraient éclos cette année, un chiffre bien supérieur aux estimations des années précédentes. « C’est une véritable surprise, confie un bénévole. Nous espérions une stabilisation, mais pas une telle explosion. »
Cette hausse s’inscrit dans une tendance plus large : après des années de déclin, certaines espèces semblent s’adapter à de nouvelles conditions environnementales.
Le changement climatique, un allié inattendu ?
Comment expliquer ce rebond spectaculaire ? Les experts du CPIE évoquent plusieurs hypothèses, dont l’impact du changement climatique. « Les hivers plus doux et les étés moins secs pourraient favoriser le développement des chenilles et des plantes hôtes, analyse un spécialiste. Mais il est trop tôt pour en faire une règle. »
Le réchauffement climatique, souvent perçu comme une menace, pourrait donc jouer un rôle ambigu. Pour certaines espèces, il ouvre des fenêtres d’opportunité, comme une extension des périodes de ponte ou une meilleure survie des larves. Cependant, cette adaptation reste précaire. « Un été caniculaire ou un hiver rigoureux pourrait tout inverser, rappelle le CPIE. »
Un espoir pour la biodiversité, mais pas une victoire
Si ces chiffres sont encourageants, ils ne doivent pas masquer la fragilité de l’espèce. L’azuré des mouillères reste en danger critique d’extinction en Normandie. Sa survie dépend de la préservation de son habitat et d’un suivi rigoureux.
Le CPIE appelle à la prudence : « Cette hausse est une bonne nouvelle, mais elle ne signifie pas que l’espèce est sauvée. Il faut continuer les efforts de conservation et étudier ces phénomènes pour comprendre comment les reproduire. »
Comment agir pour protéger ces joyaux de la nature ?
Chacun peut contribuer à la protection de l’azuré des mouillères et d’autres espèces menacées :
Soutenir les associations locales comme le CPIE du Cotentin.
Préserver les landes et zones humides, habitats essentiels pour de nombreuses espèces.
Limiter l’usage de pesticides, qui détruisent les plantes hôtes des papillons.
Participer aux comptages citoyens, un geste simple mais crucial pour la recherche.
La nature nous envoie un signal positif. À nous de le saisir.
Et vous, connaissiez-vous l’azuré des mouillères ? Son histoire montre que, même dans un contexte de crise écologique, des surprises agréables sont possibles. Un rappel que chaque action compte pour préserver notre patrimoine naturel.
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