Capturer des hérissons pour le buzz : un homme jugé
Un homme a été jugé en Gironde pour avoir capturé plus de 250 hérissons dans le but de créer du contenu viral sur les réseaux sociaux.
Les agents de l'Office français de la biodiversité ont découvert son profil sur les réseaux sociaux et ont décidé de signaler ses activités. Lors de son audience au tribunal judiciaire de Libourne le 2 avril, cet homme de 24 ans a avoué avoir pris 269 hérissons entre 2020 et 2024, les exhibant sur ses comptes pour attirer l'attention. Les associations de protection des animaux demandent une sanction sévère, car ces animaux sont protégés par la loi. Les faits se sont déroulés en Dordogne, notamment entre Bergerac et Sainte-Foy-la-Grande, où il a prétendu relâcher les hérissons après les avoir photographiés.
Il a expliqué que sa passion était de sortir avec ses amis et sa famille pour capturer ces animaux, affirmant qu'il les relâchait toujours après les avoir pris en photo. Cependant, ses publications sur TikTok montrent une réalité différente, où il pose avec ses chiens et les hérissons capturés, souvent enfermés dans des cages. Le prévenu a même avoué avoir attrapé jusqu'à 32 hérissons en seulement deux heures, considérant cela comme un jeu. Face à la présidente du tribunal, il a reconnu que la situation n'était plus aussi amusante maintenant qu'il se retrouvait devant la justice.
Le prévenu a tenté de défendre ses actions en invoquant les traditions de sa communauté, celle des gens du voyage. En réponse, la présidente a souligné l'importance des hérissons en déclarant : "Quand il n'y aura plus de hérisson, il n'y aura plus de culture." L'association environnementale locale, la Sepanso, a décidé de se porter partie civile dans cette affaire. François Ruffié, l'avocat de la Sepanso, a exprimé son indignation face à la situation, notant qu'il est possible d'imaginer un braconnage occasionnel chez les anciens, mais qu'il est totalement absurde qu'un jeune homme partage sur les réseaux sociaux ses pratiques destructrices. Les hérissons, qui sont désormais considérés comme une espèce "quasi menacée" en raison de divers facteurs tels que l'utilisation de pesticides, le trafic routier et le braconnage, sont en danger. Le prévenu a lui-même admis qu'il observait une diminution de leur population.
Patrice Grillon, avocat de l'association de protection des animaux "Stéphane Lamart", également partie civile, a averti que sans une prise de conscience collective, les générations futures ne pourraient voir les hérissons que dans les livres d'école. L'avocat du prévenu, Donatien Bouguier, a tenté de nuancer la situation en expliquant que son client cherchait simplement à démontrer ses compétences de chasseur, sans réaliser l'impact négatif que cela pouvait avoir sur l'espèce. Il espère que le tribunal retiendra la peine suggérée par le parquet, qui consiste en 210 heures de travaux d'intérêt général et une amende de 300 euros. Cependant, les associations impliquées dans cette affaire réclament une sanction exemplaire et demandent près de 30 000 euros en dommages et intérêts. La décision finale sera annoncée à la fin du mois de mai.
vu sur France Info