Comment les pommes voyagent par les airs pour réduire l’empreinte carbone
Découvrez le premier téléphérique au monde dédié aux pommes, réduisant 6 000 trajets de camions par an et stockant les fruits dans une mine naturelle à 10°C.

Dans les montagnes du Trentin, au nord de l’Italie, une révolution silencieuse est en marche. Depuis quelques semaines, les pommes de la coopérative Melinda voyagent par les airs, suspendues à un téléphérique unique au monde. Ce système ingénieux, conçu pour transporter 460 conteneurs de fruits par heure, remplace des milliers de trajets en camion et réduit significativement l’empreinte carbone de la filière. Une avancée majeure pour l’agriculture durable.
Un projet né d’un défi logistique
Pendant des années, les pommes récoltées dans la vallée étaient acheminées par camion jusqu’aux entrepôts situés en altitude. Un processus coûteux, polluant et peu efficace. L’idée d’un téléphérique dédié aux fruits a germé il y a plus de dix ans, mais sa réalisation a nécessité une refonte totale des systèmes de transport automatisés.
« Nous économisons 6 000 trajets de camions par an, » explique Fabrizio Conforti, responsable du site souterrain pour le consortium Melinda. Un gain écologique et économique considérable. Le téléphérique, d’un coût de 10 millions d’euros, a été financé à 40 % par le Fonds européen de relance, preuve de son importance stratégique pour la transition verte.
Un stockage naturel dans les entrailles de la montagne
Une fois arrivées en altitude, les pommes sont stockées dans une ancienne mine reconvertie, à 450 mètres de profondeur. Un environnement idéal pour leur conservation. « La température y est constante, autour de 10°C toute l’année, » précise Fabrizio Conforti. En abaissant la température à 1°C, les pommes peuvent y être conservées jusqu’à un an, sans isolation artificielle.
« C’est un réfrigérateur naturel : la roche emmagasine le froid et le restitue, ce qui nous permet d’économiser 30 % d’électricité, » ajoute-t-il. Une solution à la fois écologique et économique, qui évite l’utilisation de matériaux polluants comme le polystyrène.
Un modèle qui inspire au-delà des frontières
Le téléphérique des pommes ne passe pas inaperçu. Des visiteurs du Mexique et d’autres pays sont déjà venus étudier le système, envisagent de le reproduire chez eux. « Nous avons reçu des demandes d’informations de la part de partenaires internationaux, » confirme Fabrizio Conforti.
La société Leitner, partenaire technologique du projet, voit un potentiel énorme pour cette innovation. *« Ce téléphérique pourrait devenir un standard pour le transport de denrées agricoles en montagne, » estime-t-elle. Une preuve que l’innovation locale peut avoir un impact global.
Un avenir durable pour l’agriculture alpine
Avec 400 000 tonnes de pommes récoltées chaque année, la coopérative Melinda montre l’exemple. Le téléphérique n’est qu’une première étape vers une agriculture toujours plus respectueuse de l’environnement. « Nous voulons prouver qu’il est possible de concilier productivité et durabilité, » conclut Fabrizio Conforti.
Et si demain, d’autres régions montagnardes adoptaient ce modèle ? Une chose est sûre : dans le Trentin, les pommes ont trouvé leur voie… par les airs.



