COP30 : Paris, bonne élève climatique avec -25 % d’émissions en 10 ans
Paris réduit ses émissions de 25 % en 10 ans grâce aux transports et aux capteurs ICOS. Une avancée majeure avant la COP30, mais la neutralité carbone reste un défi.
À l’aube de la COP30, qui se tiendra à Belém au Brésil, Paris se distingue comme un exemple en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Selon une étude européenne menée avec Airparif et publiée ce 6 novembre, la capitale a diminué ses émissions d’environ 25 % entre 2015 et 2025, s’approchant ainsi de ses objectifs climatiques pour 2030. Une performance rendue possible grâce à des changements profonds dans le secteur des transports et à l’utilisation de capteurs atmosphériques inédits.
Des capteurs innovants pour mesurer l’impact des politiques climatiques
La trentaine de capteurs de CO2 déployés sur les toits, antennes et tours de Paris et d’Île-de-France a permis de confirmer une baisse significative des émissions. Ces outils, installés dans le cadre du consortium européen ICOS Cities, complètent les données d’Airparif, l’observatoire régional de la qualité de l’air. « Nos données sont presque parfaitement alignées sur celles d’Airparif », souligne le Pr Thomas Lauvaux du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), coordinateur du projet.
Ces capteurs, placés à différentes hauteurs, mesurent en temps réel les concentrations et flux d’émissions. Une innovation cruciale, car les inventaires traditionnels, basés sur des estimations d’activités polluantes (chauffage, trafic, industrie), sont souvent incomplets et longs à compiler. « Ces observations de terrain permettent d’évaluer plus précisément l’efficacité des politiques publiques », explique le chercheur. Grâce à ces outils, Paris dispose désormais d’une vision plus fine de son empreinte carbone, essentielle pour ajuster ses stratégies.
Les transports, fer de lance de la transition parisienne
Le secteur des transports est le principal responsable de cette amélioration. La diminution de la part des véhicules thermiques, au profit des pistes cyclables et des transports en commun, a joué un rôle clé. « La qualité de l’air s’est nettement améliorée en Île-de-France au cours des vingt dernières années », confirme Thomas Lauvaux. Une tendance encourageante, d’autant que la ville a adopté en 2017 un plan climatique ambitieux, aligné sur l’accord de Paris.
Si cette dynamique se poursuit, « Paris devrait être en bonne voie pour atteindre son objectif climatique de 2030 », selon les auteurs de l’étude. Un signal fort, alors que la COP30 approche et que les regards se tournent vers les métropoles pour des solutions concrètes.
Un progrès notable, mais des défis persistants
Malgré ces avancées, la neutralité carbone d’ici 2050 reste un objectif difficile à atteindre. « Le paquet de mesures actuelles ne suffit pas », avertit Ivonne Albarus, scientifique du Giec. Pour y parvenir, une transformation structurelle est nécessaire, notamment dans les zones rurales et périphériques. Les chercheurs du CEA, de l’Université de Reims Champagne-Ardenne et du CNRS appellent à accélérer la rénovation des bâtiments, généraliser les véhicules électriques, développer les énergies renouvelables locales et repenser les mobilités.
« Il faut aller plus loin », insiste Ivonne Albarus. La capitale doit intensifier ses efforts pour réduire ses émissions résiduelles, notamment dans les secteurs difficiles à décarboner, comme le chauffage ou les activités industrielles.
Paris, laboratoire des villes durables ?
Avec ses capteurs ICOS et ses politiques volontaristes, Paris pourrait inspirer d’autres métropoles. Le modèle parisien montre que l’alliance entre innovation technologique et politiques publiques ambitieuses porte ses fruits. Cependant, l’enjeu est désormais de passer à l’échelle supérieure, en impliquant davantage les acteurs locaux et en étendant ces solutions aux territoires périurbains.
La COP30 sera l’occasion pour Paris de partager son expérience et d’encourager d’autres villes à suivre son exemple. « La transition écologique ne se décrète pas, elle se construit avec des outils adaptés et une volonté politique forte », résume Thomas Lauvaux.
Et vous, que pensez-vous des mesures mises en place à Paris pour améliorer la qualité de l’air ? Quelles autres initiatives pourraient être déployées pour accélérer la transition écologique ?



