Corée du Sud : un recensement historique pour les couples LGBT en 2025
La Corée du Sud reconnaît désormais les couples LGBT dans son recensement 2025. Une avancée historique pour la visibilité et les droits des minorités sexuelles.
La Corée du Sud vient d’opérer un changement discret, mais historique : son recensement 2025 reconnaît désormais les couples de même sexe. Jusqu’ici, ces derniers étaient invisibilisés, contraints de se déclarer comme de simples colocataires. Une avancée saluée par les défenseurs des droits LGBT, qui y voient un premier pas vers une meilleure inclusion. Pourtant, dans un pays où l’homophobie persiste, cette mesure soulève autant d’espoir que de questions.
Un recensement plus inclusif : une première en Corée du Sud
Pour la première fois, les couples LGBT pourront se déclarer comme « conjoints » ou « partenaires cohabitants » lors du recensement national de 2025. Une modification technique, mais aux conséquences symboliques majeures. Jusqu’alors, le système rejetait ces déclarations, forçant les couples de même sexe à cocher la case « autres colocataires ». Une invisibilité statistique qui privait les associations et chercheurs de données essentielles pour défendre leurs droits.
Le ministère des Données et des Statistiques a justifié ce changement par la nécessité d’une collecte plus précise, tout en reconnaissant les limites persistantes. « Nous étudions des solutions pour traiter les données après leur collecte », a confié un responsable à OhmyNews, soulignant que cette mesure n’est qu’un « point de départ ».
Une victoire pour les associations, mais des défis restent
Rainbow Action Korea, coalition de 49 organisations LGBT, a salué une « première reconnaissance » des citoyens LGBTQ+ dans les statistiques nationales. Pourtant, elle critique le manque de communication autour de cette réforme, risquant de limiter son impact. « Beaucoup de couples ignorent encore qu’ils peuvent désormais se déclarer », déplore un militant.
Les associations appellent aussi à aller plus loin : intégrer des questions sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans les prochains recensements. « La famille coréenne a changé, et les statistiques doivent refléter cette réalité », insiste Rainbow Action Korea, évoquant les nouvelles dynamiques sociales, comme la cohabitation hors mariage ou les familles recomposées.
Un contexte social encore marqué par les résistances
Malgré cette avancée, la Corée du Sud reste un pays profondément divisé sur les questions LGBT. Un sondage Ipsos (2025) révèle que 51 % des Sud-Coréens s’opposent aux démonstrations d’affection publiques entre personnes de même sexe, et 31 % rejettent le coming out. L’opposition au mariage homosexuel reste majoritaire (50 %), selon Korea Research.
Les discriminations persistent : dans l’armée, au travail, ou à l’école, où les étudiants LGBT subissent encore harcèlement et exclusion (Human Rights Watch). Pourtant, des signes d’ouverture émergent : les marches des fiertés gagnent en visibilité, des célébrités de la K-pop font leur coming out, et en 2024, les conjoints LGBT ont obtenu l’accès aux prestations de l’assurance maladie.
Vers une légalisation du mariage pour tous ?
Le Parti de la justice (gauche) voit dans cette réforme un « levier pour des politiques plus inclusives », espérant une future légalisation du mariage homosexuel. « La voie est ouverte », déclare-t-il, tout en rappelant que les personnes transgenres restent absentes des statistiques.
Le président Lee Jae-myung, bien que progressiste, n’a pas fait des droits LGBT une priorité, privilégiant les enjeux économiques. Pourtant, pour les militants, cette reconnaissance statistique est un premier pas vers l’égalité. « Les mentalités évoluent, et les institutions doivent suivre », résume un activiste.
Un symbole fort, mais une lutte loin d’être terminée
La Corée du Sud franchit une étape symbolique en reconnaissant ses couples LGBT dans le recensement 2025. Une victoire pour la visibilité, mais qui contraste avec les résistances sociales et politiques. Entre progrès discrets et tabous tenaces, le chemin vers l’égalité reste long. Une chose est sûre : ce recensement marquera l’histoire des droits LGBT en Asie.



