De 150 à 50 000 : l’incroyable renaissance des baleines à bosse australiennes
Découvrez comment les baleines à bosse d’Australie ont dépassé leur population d’avant la chasse, un miracle écologique et une victoire pour la conservation marine.
Il fut un temps où le chant des baleines à bosse résonnait si fort le long des côtes australiennes qu’il perturbait les conversations des habitants. Aujourd’hui, ces géants des mers ne sont plus une légende lointaine, mais une réalité triomphante : leur population dépasse désormais celle d’avant la chasse commerciale. Une victoire historique pour la biodiversité et un exemple inspirant de résilience naturelle.
Un déclin brutal sous l’effet de la chasse industrielle
Au XVIIIe siècle, les baleines à bosse migraient librement le long des côtes de l’est australien, notamment près de Hobart. Leur présence était si marquée que leur chant portait jusqu’aux fenêtres des maisons, interrompu parfois par les discussions des habitants. Mais avec l’arrivée des baleiniers, leur destin bascula. Ciblées pour leur huile, extraite de leur graisse, elles furent décimées en quelques décennies.
En 1960, seuls 150 individus survivaient sur les 30 000 estimés avant la chasse. Un effondrement dramatique, qui semblait sceller leur sort. Pourtant, l’interdiction de la chasse commerciale en 1963 par la Commission baleinière internationale marqua un tournant décisif.
Une renaissance spectaculaire
Depuis cette interdiction, la population de baleines à bosse n’a cessé de croître. En 2025, les estimations les plus récentes indiquent qu’elles sont désormais plus de 50 000, soit une augmentation de 60 % par rapport à leur nombre avant la chasse. Un véritable miracle écologique, comme le souligne le Dr Wally Franklin, chercheur et cofondateur du projet Oceania : « Nous avons dépassé toutes les attentes. La nature, quand on lui en donne la chance, sait se rétablir. »
Ce succès est le résultat d’une combinaison de facteurs : une protection internationale stricte, un suivi scientifique rigoureux et une mobilisation citoyenne sans précédent. Plus de 700 contributeurs – citoyens, opérateurs d’excursions et chercheurs – ont alimenté la base de données HappyWhale, permettant de documenter et d’analyser leur retour.
Pourquoi un tel succès ?
Contrairement à d’autres espèces de baleines, comme les baleines franches australes, les baleines à bosse ont bénéficié de leur comportement migratoire. Moins dépendantes des zones côtières, elles sont moins exposées aux collisions avec les navires, un danger majeur pour leurs congénères. De plus, leur taux de reproduction et leur adaptabilité ont joué en leur faveur.
Cependant, les scientifiques estiment que la population a atteint sa « capacité de charge », c’est-à-dire le nombre maximal d’individus que l’écosystème peut soutenir. Cela ne signifie pas un déclin, mais un équilibre naturel retrouvé. Une excellente nouvelle pour la biodiversité marine.
Une cohabitation à préserver
Avec une population aussi nombreuse, les rencontres entre baleines et humains se multiplient. Les experts rappellent l’importance de respecter leur espace, notamment pour les mères accompagnées de leurs baleineaux. « Si vous croisez une baleine, laissez-la venir à vous, conseille le Dr Franklin. C’est bien plus sûr pour tout le monde. »
Les opérateurs d’excursions d’observation jouent un rôle clé dans cette cohabitation. En sensibilisant les touristes et en adoptant des pratiques responsables, ils contribuent à protéger ces géants tout en permettant au public de vivre des expériences inoubliables.
Un symbole d’espoir pour la conservation marine
L’histoire des baleines à bosse d’Australie est bien plus qu’un simple rebond démographique. C’est la preuve que la protection des espèces fonctionne. En quelques décennies, une espèce au bord de l’extinction a non seulement survécu, mais prospéré au-delà de ses niveaux historiques.
Ce succès inspire d’autres projets de conservation à travers le monde. Et si demain, d’autres espèces menacées suivaient le même chemin ? La réponse dépendra de notre capacité à protéger les écosystèmes et à agir collectivement.


