Découverte majeure : La protéine HSL, clé pour un tissu adipeux en bonne santé
Découvrez comment la protéine HSL, étudiée depuis les années 1960, joue un rôle clé dans la gestion des graisses et ouvre de nouvelles pistes contre l’obésité et la lipodystrophie.
Depuis les années 1960, la lipase hormono-sensible (HSL) était perçue comme une simple enzyme permettant de puiser dans nos réserves de graisse. On aurait pu croire que son absence entraînerait une accumulation excessive de masse grasse, et donc une obésité. Pourtant, la réalité est tout autre : l’absence de HSL provoque une réduction de la masse grasse, un phénomène connu sous le nom de lipodystrophie. Une équipe de chercheurs de l’Université de Toulouse et de l’Inserm a percé ce mystère, révélant un rôle inattendu de cette protéine dans le noyau de nos cellules graisseuses. Une découverte publiée dans Cell Metabolism le 23 octobre 2025, qui ouvre des pistes prometteuses pour prévenir les complications liées à l’obésité.
Les adipocytes : bien plus que des réserves d’énergie
Nos cellules graisseuses, ou adipocytes, ne sont pas de simples réservoirs passifs. Elles jouent un rôle central dans la régulation de l’énergie de notre corps. Les adipocytes stockent les graisses sous forme de gouttelettes lipidiques, que l’organisme mobilise en cas de besoin, par exemple pendant les périodes de jeûne. La protéine HSL agit comme un interrupteur : activée par des hormones comme l’adrénaline, elle libère les graisses pour fournir de l’énergie aux organes.
Pourtant, l’absence de HSL ne conduit pas à une accumulation de graisse, mais à une lipodystrophie, une condition pathologique caractérisée par une perte de tissu adipeux. Ce paradoxe a intrigué les scientifiques pendant des décennies.
Un rôle inattendu dans le noyau cellulaire
L’équipe dirigée par le professeur Dominique Langin, de l’Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires (I2MC), a découvert que HSL n’agit pas seulement à la surface des gouttelettes lipidiques, mais aussi dans le noyau des adipocytes. « Dans le noyau, HSL s’associe à d’autres protéines et participe à un programme qui maintient une quantité optimale de tissu adipeux et des adipocytes en bonne santé », explique Jérémy Dufau, co-auteur de l’étude.
L’adrénaline, qui active HSL pour libérer les graisses, favorise également sa sortie du noyau. En contexte pathologique, comme chez les souris obèses, la quantité de HSL dans le noyau augmente. Cette découverte suggère que HSL joue un double rôle : enzyme de déstockage des graisses et régulateur de la santé des adipocytes.
Obésité et lipodystrophie : deux faces d’un même dysfonctionnement
Bien que l’obésité et la lipodystrophie semblent opposées, elles partagent un point commun : un dysfonctionnement des adipocytes, entraînant des complications métaboliques et cardiovasculaires similaires. « HSL est connue depuis les années 1960 comme une enzyme de déstockage des graisses. Mais nous savons désormais qu’elle joue aussi un rôle essentiel dans le noyau des adipocytes, où elle participe au maintien d’un tissu adipeux sain », conclut Dominique Langin.
Cette découverte éclaire d’un jour nouveau les mécanismes sous-jacents à ces maladies. Elle ouvre également des pistes pour développer des stratégies thérapeutiques innovantes, visant à préserver la fonction des adipocytes et à prévenir les complications liées à l’obésité.
Un enjeu de santé publique majeur
Le surpoids et l’obésité touchent un adulte sur deux en France, et 2,5 milliards de personnes dans le monde. Ces conditions augmentent le risque de diabète, de maladies cardiovasculaires et altèrent la qualité de vie. Les recherches menées par l’équipe toulousaine arrivent donc à point nommé. En comprenant mieux le rôle de HSL, les scientifiques espèrent développer des approches préventives et thérapeutiques plus efficaces.
Cette avancée rappelle que la science ne cesse de nous surprendre, même lorsqu’elle explore des protéines étudiées depuis des décennies. Et si la clé pour lutter contre l’obésité résidait dans une meilleure compréhension des mécanismes les plus fondamentaux de nos cellules ? Une question qui motive les chercheurs à poursuivre leurs investigations, pour le bien-être de millions de personnes à travers le monde.


