Déforestation : Interpol et l’ONU unissent leurs forces pour protéger les forêts tropicales
Interpol et l’ONU lancent une opération mondiale contre la déforestation illégale et le trafic d’or, ciblant les forêts tropicales. Une lutte sans précédent pour protéger la planète.
La planète souffre, mais les criminels prospèrent. Chaque année, des milliards de dollars sont générés par l’exploitation illégale des forêts et l’extraction clandestine d’or, accélérant la destruction des écosystèmes les plus fragiles. Face à cette urgence, Interpol et l’ONUDC ont lancé mercredi une opération mondiale pour démanteler les réseaux criminels qui pillent les forêts tropicales. Annoncée à Rio de Janeiro, cette initiative cible cinq pays clés : le Brésil, l’Équateur, l’Indonésie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Pérou. Une mobilisation historique à quelques semaines de la COP30.
Une opération mondiale contre les milliards de la déforestation
« Les criminels amassent des milliards en pillant les forêts de la planète. » Le constat de Valdecy Urquiza, secrétaire général d’Interpol, est sans appel. Les profits illicites tirés de l’exploitation forestière et de l’orpaillage illégal alimentent des réseaux transnationaux, tout en ravageant des millions d’hectares de forêts. Cette nouvelle phase du Programme LEAP (Law Enforcement Assistance for Forests) marque un tournant : après des années de cartographie des trafics, place à l’action.
L’opération, financée par la Norvège, s’appuie sur une coopération internationale renforcée entre polices, douanes et systèmes judiciaires. Son objectif ? Traquer les responsables, saisir les actifs illicites et protéger les communautés locales. Une réponse concrète aux enjeux climatiques, alors que la déforestation représente près de 10 % des émissions mondiales de CO₂.
L’Amazonie, épicentre de la lutte
La semaine dernière, la police brésilienne, soutenue par Interpol, a détruit 270 dragues minières illégales sur le fleuve Madeira. Ces machines, utilisées pour extraire l’or, empoisonnent les rivières au mercure et détruisent les écosystèmes. Un coup dur pour les réseaux de contrebande qui s’étendent jusqu’en Bolivie et au Pérou.
Ghada Waly, directrice de l’ONUDC, rappelle que la déforestation illégale « affaiblit l’état de droit et finance le crime organisé ». En Amazonie, l’exploitation minière clandestine est devenue l’une des premières causes de déforestation, devant l’agriculture. Les raids récents ont permis des dizaines d’arrestations et la saisie de millions de dollars de bois et de minéraux.
LEAP : un programme qui monte en puissance
Lancé en 2018, LEAP a d’abord permis de cartographier les routes du trafic de bois. Aujourd’hui, il coordonne des enquêtes transfrontalières et facilite le partage de renseignements entre pays. Résultat : des centaines de crimes environnementaux révélés, des saisies record et des arrestations dans neuf pays.
Cette nouvelle phase élargit le champ d’action :
Lutte contre l’orpaillage illégal, responsable de la pollution au mercure.
Renforcement des systèmes judiciaires pour traduire les criminels en justice.
Soutien aux communautés locales, souvent victimes des trafics.
Un tournant dans la lutte contre l’impunité.
Pourquoi cette opération est cruciale avant la COP30 ?
La COP30, qui se tiendra au Brésil en 2025, sera un moment clé pour les engagements climatiques. Interpol et l’ONUDC envoient un signal fort : la protection des forêts ne peut plus attendre. Les forêts tropicales, poumons de la planète, sont aussi des remparts contre le réchauffement climatique.
En ciblant les financements illicites, les autorités espèrent tarir les ressources des réseaux criminels. Une stratégie payante : selon l’ONU, chaque dollar investi dans la lutte contre la déforestation en rapporte jusqu’à 30 en bénéfices économiques et environnementaux.
Un espoir pour les écosystèmes et les populations
Au-delà des arrestations, cette opération vise à restaurer la confiance. Les communautés locales, souvent menacées par les trafiquants, pourront compter sur un soutien accru des forces de l’ordre. « Il est temps de rendre justice à la nature et aux peuples qui en dépendent », déclare Ghada Waly.
L’enjeu est double : environnemental et humain. En protégeant les forêts, on préserve aussi les moyens de subsistance de millions de personnes. Une victoire contre le crime organisé serait une victoire pour la planète.
Vers un avenir plus vert ?
Interpol et l’ONUDC prouvent que la coopération internationale peut faire la différence. Mais le combat est loin d’être gagné. La réussite de cette opération dépendra de la volonté politique des États et de la mobilisation citoyenne.
À l’aube de la COP30, une question se pose : parviendrons-nous à inverser la tendance avant qu’il ne soit trop tard ? Une chose est sûre : l’heure n’est plus aux promesses, mais à l’action.




