Dépistage du cancer du poumon : l'innovation du CHU de Lille
Un simple souffle pourrait révolutionner le dépistage du cancer du poumon grâce à un dispositif innovant développé au CHU de Lille. Le projet ALCOVE, qui s'appuie sur un "nez électronique", vise à ...

Le projet ALCOVE, qui s'appuie sur un "nez électronique", vise à identifier les signes précoces de cette maladie souvent détectée trop tard. L'idée est de rendre le dépistage plus accessible et d'encourager les patients à s'engager dans un parcours de prévention. En se rendant chez leur médecin, les patients pourront utiliser cet outil simple pour évaluer leur risque de développer un cancer du poumon, ce qui pourrait potentiellement sauver des vies.
Ce projet ambitieux est soutenu par le programme de coopération régional INTERREG France-WallonieVlaanderen et implique un consortium de 17 partenaires franco-belges. Les chercheurs travaillent activement à la conception de ce nez électronique, qui sera capable de détecter des marqueurs spécifiques associés au cancer du poumon chez les individus à risque. L'objectif est clair : améliorer le dépistage de cette maladie et, par conséquent, augmenter les chances de traitement précoce et efficace pour les patients concernés.
Le processus est simple : le patient doit souffler dans un dispositif nasal. Il inhale et exhale tranquillement à travers un masque pendant environ cinq minutes. L'objectif est d'effectuer une dizaine de cycles respiratoires corrects, comme l'explique Sébastien Hulo, professeur de médecine au CHU de Lille et à la faculté de médecine de Lille. En tant que responsable du projet, il se concentre sur l'analyse de l'air expiré. Cependant, il précise que cet appareil ne vise pas à remplacer un scanner pulmonaire. Son rôle est d'assister au dépistage et de favoriser le dialogue entre les populations à risque de cancer du poumon et le système de santé.
La machine, qui sera prochainement miniaturisée, s'inspire de l'odorat des chiens, connus pour leur capacité à détecter certains types de cancers. Au cours de la première phase de recherche, le projet PATHACOV, qui s'est déroulé de 2018 à 2022, les chercheurs ont conçu un prototype de nez électronique. Grâce à des capteurs, cet appareil identifie des composés organiques volatils spécifiques au cancer du poumon. Sébastien Hulo souligne que le signal obtenu est analysé pour estimer la probabilité de présence d'une tumeur cancéreuse, avec une sensibilité atteignant 92 %. Cette méthode pourrait potentiellement sauver des vies, surtout face aux défis liés au dépistage. Le professeur note que beaucoup de personnes hésitent à connaître leur état de santé par peur, et que le manque de temps les empêche souvent de consulter un médecin avant l'apparition de symptômes.
Le diagnostic tardif du cancer du poumon entraîne souvent un pronostic vital défavorable. En effet, les statistiques révèlent qu’en moyenne, seulement 17 % des personnes diagnostiquées avec cette maladie parviennent à survivre au moins cinq ans. En revanche, si le cancer est détecté à un stade précoce, notamment aux stades 1 ou 2, ce taux de survie grimpe à 90 %. Le professeur souligne l'importance d'un diagnostic précoce, car cela permet d'envisager une intervention chirurgicale plutôt qu'une chimiothérapie, offrant ainsi de meilleures chances de guérison. Actuellement, le cancer du poumon figure parmi les principales causes de mortalité par cancer en Europe, touchant particulièrement les personnes âgées et les fumeurs.
Les populations les plus à risque sont principalement celles des individus de plus de 50 ans ayant fumé au moins un paquet de cigarettes par jour pendant deux décennies. Cette vulnérabilité est accentuée par des facteurs tels que l'exposition professionnelle à des substances nocives. Le professeur Hulo met en lumière ces éléments, soulignant l'importance d'une sensibilisation accrue et d'un dépistage précoce pour réduire les taux de mortalité associés à cette maladie.
Pour améliorer le diagnostic, l'Université de Liège travaille sur le développement de nez électroniques, dont onze prototypes devraient être finalisés d'ici début 2026. Ces dispositifs seront ensuite testés dans neuf hôpitaux partenaires en France et en Belgique, où près de 500 patients participeront à des essais. L'espoir est que ces tests en milieu clinique soient aussi concluants que ceux réalisés en laboratoire. L'objectif ultime est d'adapter ces prototypes aux normes cliniques, d'évaluer leur efficacité et de les intégrer dans les futurs programmes de dépistage. D'ici 2028, les chercheurs espèrent collaborer avec un industriel pour la fabrication de ces dispositifs, qui pourraient bientôt devenir un outil courant chez les médecins généralistes.
vu sur France 3