Every Cure : L’IA au service des maladies sans traitement
David Fajgenbaum, condamné à une maladie incurable, utilise l’IA pour trouver des traitements grâce à la réutilisation de médicaments existants. Découvrez Every Cure.

À 25 ans, David Fajgenbaum entendit les mots que personne ne veut entendre : « Il n’y a rien à faire. » Atteint de la maladie de Castleman, une affection rare et incurable, il reçut même l’extrême-onction. Pourtant, contre toute attente, une combinaison de chimiothérapies expérimentales le sauva. Aujourd’hui, en rémission depuis 11 ans, il consacre sa vie à redonner espoir aux patients condamnés.
Une maladie rare, un combat hors norme
La maladie de Castleman est un mystère médical : le système immunitaire attaque les organes vitaux, sans cause connue. Aucun traitement n’existe. Pourtant, Fajgenbaum refusa d’accepter son sort. Lors d’une rechute, il eut une intuition : « Peut-être qu’un médicament conçu pour une autre maladie pourrait me sauver. » Il avait raison.
Son parcours illustre une réalité méconnue : des milliers de maladies restent sans traitement, tandis que des médicaments existants pourraient les soigner. C’est cette idée qui a inspiré la création d’Every Cure.
Every Cure : l’IA au service des maladies oubliées
Every Cure est une organisation à but non lucratif qui utilise l’intelligence artificielle pour identifier de nouvelles utilisations aux médicaments déjà approuvés. « Notre objectif est que chaque médicament soit utilisé pour toutes les maladies qu’il peut traiter, et pas seulement pour celles qui sont rentables », explique Fajgenbaum.
Les chiffres sont édifiants :
18 500 maladies recensées dans le monde.
Seulement 4 000 ont des traitements approuvés.
300 millions de personnes souffrent de maladies sans solution.
Le développement d’un nouveau médicament coûte 1 à 2 milliards de dollars et prend 10 à 15 ans, avec un taux d’échec de 90 %. Every Cure propose une alternative : réutiliser les médicaments existants.
L’IA, un accélérateur de découvertes médicales
L’équipe d’Every Cure analyse 75 millions de combinaisons possibles entre médicaments et maladies. « L’IA nous permet de nous concentrer sur les pistes les plus prometteuses », souligne Fajgenbaum. Les résultats sont probants :
28 programmes de repositionnement avancés en 15 ans.
14 dirigés directement par Fajgenbaum.
9 programmes validés, dont l’utilisation de la lidocaïne pour le cancer du sein.
L’IA ne remplace pas les médecins, mais elle accélère la recherche et réduit les coûts. « Nous explorons la forêt entière, pas un arbre à la fois », résume-t-il.
Un espoir pour les maladies rares et négligées
Every Cure cible des maladies rares, négligées ou mal traitées. « Beaucoup de médicaments agissent sur plusieurs protéines, ce qui ouvre des possibilités de réutilisation », explique Fajgenbaum. Par exemple, la lèpre et le myélome, bien que différentes, pourraient partager des mécanismes communs.
La prescription hors indication (30 % des prescriptions aux États-Unis) est déjà une pratique courante. Every Cure veut la systématiser et la démocratiser.
Un modèle indépendant et humaniste
Contrairement aux laboratoires pharmaceutiques, Every Cure n’a pas de motivation financière. « Nous travaillons pour les patients, pas pour les profits », affirme Fajgenbaum. Grâce à un financement de 60 millions de dollars via le projet Audacious de TED, l’organisation avance pas à pas.
D’ici 2030, Every Cure espère développer des traitements pour 15 à 25 maladies. « Même quand le monde dit qu’il n’y a plus d’espoir, il pourrait y avoir une solution dans votre pharmacie », conclut-il.
Une leçon d’optimisme et de résilience
L’histoire de David Fajgenbaum est un symbole d’espoir. Condamné, il a transformé son désespoir en action. Every Cure prouve que l’innovation médicale peut venir de l’intelligence collective, de l’IA, et d’une volonté inébranlable de sauver des vies.



