Femmes et écologie : Le modèle inspirant de Ban Pong en Thaïlande
Découvrez comment le village de Ban Pong, en Thaïlande, restaure sa forêt grâce à des barrages naturels et l’engagement des femmes, un modèle écologique inspirant.

Au cœur de la Thaïlande, le village de Ban Pong écrit une histoire de résilience écologique. Ici, des femmes déterminées et des techniques ancestrales redonnent vie à une forêt dégradée. Grâce à des barrages naturels et une gestion communautaire, elles transforment un paysage asséché en un écosystème florissant, tout en luttant contre les incendies qui ravagent la région. Leur secret ? L’alliance entre tradition, innovation et engagement collectif.
Une forêt renaissante grâce à l’eau et à la patience
En 2007, Rachaprapa Kamphud et une poignée de bénévoles se lancent dans un défi ambitieux : restaurer 40 hectares de terre appauvrie, ancienne plantation d’arachides. Leur arme ? Des barrages de retenue en béton, pierres et terre compactée, conçus pour capter l’eau des ruisseaux saisonniers. « Les feuilles humides sont un engrais naturel », explique Rachaprapa, en montrant des champignons hed khon poussant sur un tas de feuilles. Ces produits forestiers non ligneux, comme les pousses de bambou ou les œufs de fourmis rouges, se vendent cher sur les marchés locaux, offrant un revenu complémentaire aux villageois.
L’eau, clé de la régénération Avec plus de 300 barrages construits, l’humidité est revenue dans les sols. La forêt, autrefois desséchée, voit aujourd’hui sa nappe phréatique se stabiliser. Résultat : une agriculture et une aquaculture locales revitalisées, comme en témoigne un lac désormais alimenté toute l’année, où 60 familles élèvent des tilapias.
Des femmes en première ligne contre les incendies
À Ban Pong, les femmes ne sont pas seulement des gardiennes de la forêt : elles sont aussi des pompières. Équipées de talkies-walkies et de battes à incendie, elles patrouillent régulièrement pour prévenir les feux, un fléau récurrent dans le nord de la Thaïlande. « Au début, les gens étaient surpris de nous voir éteindre des incendies. Aujourd’hui, notre réputation n’est plus à faire », raconte Rachaprapa, fière de l’efficacité de son équipe.
Un système d’alerte communautaire Leur méthode repose sur la surveillance par satellite et les réseaux sociaux, permettant une intervention rapide. Marina Tornorsam, de l’ONG RECOFTC, souligne : « Les communautés agissent souvent plus vite que les agences gouvernementales. Leur connaissance du terrain est un atout majeur. »
Un modèle inspirant pour la Thaïlande et au-delà
Ban Pong fait partie du Réseau international des forêts modèles, partageant ses savoir-faire avec 30 pays. Leur approche, alliant inclusion des femmes et gestion durable, séduit. « Lorsque nous protégeons la forêt, la forêt nous protège », résume Rachaprapa. Une philosophie qui porte ses fruits : la biodiversité revient, avec des lézards, des martins-pêcheurs et même des cerfs observés régulièrement.
Un impact sur la santé publique Les incendies, responsables de la pollution aux PM2,5, menacent la santé des Thaïlandais. À Ban Pong, la restauration de la forêt a réduit la brume toxique, améliorant la qualité de l’air. « J’en avais assez de la fumée qui irritait mes yeux chaque année », confie Jirathip Malanuan, 31 ans, membre du groupe.
Vers une gestion forestière plus inclusive
En Thaïlande, les forêts communautaires comme celle de Ban Pong couvrent plus d’un million d’hectares depuis la loi de 2019. « Ces forêts servent de zones tampons pour les aires protégées », explique Warangkana Rattanarat, de RECOFTC. Elles offrent aussi un accès légal aux ressources, réduisant la pression sur les réserves naturelles.
Les femmes, actrices du changement Katherine Poe, de l’UICN, souligne leur rôle crucial : « Les femmes détiennent des connaissances traditionnelles précieuses. Leur inclusion améliore les résultats pour l’environnement et les populations. » À Ban Pong, elles sont majoritaires dans le groupe forestier, prouvant que l’écologie n’a pas de genre.
Un héritage à partager
Ban Pong forme désormais d’autres communautés, comme celle de Ban Ton Tong. « Nous pouvons vivre dignement grâce à notre forêt », affirme Manid Aunekrue, chef de ce village voisin. Leur modèle, basé sur la collaboration et l’innovation locale, pourrait inspirer toute la Thaïlande.
Conclusion Ban Pong montre que la restauration écologique est possible quand science, tradition et engagement se rencontrent. Ici, chaque barrage, chaque champignon, chaque femme en action raconte une histoire de renouveau. Et si la solution aux crises environnementales venait des communautés elles-mêmes ?


