Hautes-Alpes : Céüze efface ses traces pour un avenir plus naturel
L’ex-station de ski de Céüze (Hautes-Alpes) démantèle ses téléskis pour renaître en espace naturel. Découvrez son avenir touristique et écologique.
À partir de la semaine prochaine, les pylônes des téléskis de Céüze, station des Hautes-Alpes à l’arrêt depuis 2018, seront démantelés. Un chantier de deux mois, fruit d’une décennie de réflexion, qui marque la fin d’une ère et le début d’une nouvelle aventure pour ce massif situé entre 1 550 et 2 000 mètres d’altitude. Victime du réchauffement climatique et d’un modèle économique fragilisé, Céüze incarne aujourd’hui un virage audacieux : celui d’une montagne qui se libère du béton pour retrouver sa vocation naturelle.
Un choix mûri, une décision irréversible
Le démontage des 25 pylônes et des huit téléskis de Céüze n’est pas un abandon, mais une renaissance. “Il a fallu prendre le temps nécessaire à cette décision irréversible, à la fois sur le plan administratif et sur celui de l’acceptation sociale”, explique Michel Ricou-Charles, président de la communauté de communes Buëch-Dévoluy. Plus de dix ans de concertation ont été nécessaires pour aboutir à ce projet, porté par une volonté collective : transformer un symbole de déclin en opportunité.
La station, ouverte dans les années 1930, avait fermé ses portes en 2018, incapable de lutter contre le manque de neige, le vieillissement de ses infrastructures et la baisse de fréquentation. “Aujourd’hui, chacun a fait son deuil. Ce n’est pas une station fantôme, mais un massif qui continue de vivre”, insiste Michel Ricou-Charles.
Un chantier écologique et exemplaire
Le démontage, budgétisé à 137 000 euros, sera mené dans le respect de l’environnement. Une étude préalable sur la faune et la flore a permis d’adapter les méthodes pour limiter l’impact. Les pylônes seront héliportés pour éviter de “labourer le terrain” avec des engins lourds, et une partie des matériaux sera réemployée ou recyclée. 90 tonnes de ferraille sont attendues, dont certaines trouveront une seconde vie dans d’autres stations.
L’association Mountain Wilderness, spécialisée dans le démontage d’installations obsolètes, a apporté son expertise. “On se réjouit que la communauté de communes prenne en charge ce chantier. On aimerait que ça fasse des petits”, souligne Jean Gaboriau, porte-parole de l’association. En France, plus d’une centaine de remontées mécaniques abandonnées attendent encore d’être démantelées.
Vers un tourisme de pleine nature
Céüze ne dit pas adieu au tourisme, mais le réinvente. La station, où une dizaine de personnes vivent à l’année, mise désormais sur la randonnée, les raquettes, le ski de randonnée, le VTT et l’escalade. Ses falaises, réputées parmi les grimpeurs de haut niveau, attirent déjà une nouvelle clientèle.
Nathalie Ghesquiere, gérante d’un gîte voisin, se félicite du projet : “C’est bien que ce soit démantelé. En l’état, c’est moche et écologiquement pas top. Une fois les installations retirées, ça ne pourra être que plus joli.” Elle n’est pas inquiète pour l’attractivité du site, même si la nostalgie reste palpable : “Beaucoup de gens sont tristes, mais l’hiver, il y a déjà plein de monde pour le ski de rando ou les raquettes.”
Un symbole de la transition des stations de ski
Céüze n’est pas un cas isolé. Selon Pierre-Alexandre Metral, doctorant en géographie, 186 stations françaises ont définitivement fermé depuis leur création, principalement pour des raisons économiques. Le réchauffement climatique et la raréfaction de la neige accélèrent ce mouvement, poussant les territoires à innover.
Le démantèlement de Céüze pourrait inspirer d’autres massifs. En rendant son espace à la nature, la station prouve qu’une montagne peut se réinventer, entre préservation et nouvelles activités. “On n’est pas sur une station fantôme, mais sur un massif qui continue de vivre”, rappelle Michel Ricou-Charles. Un message d’espoir pour les Alpes de demain.



