Indonésie : la réintroduction des requins léopards, une première mondiale
Découvrez comment le projet ReShark en Indonésie réintroduit des requins léopards dans la nature grâce à des œufs d’aquariums. Une révolution pour la biodiversité marine !
En Indonésie, une révolution silencieuse se déroule sous les vagues : le projet ReShark réintroduit des requins léopards, une espèce menacée, dans leur habitat naturel. Grâce à des œufs issus d’aquariums et à une collaboration internationale, cette initiative pionnière redéfinit la conservation marine. Porté par des scientifiques, des aquariums et des communautés locales, ce programme prouve que l’humain peut réparer les dégâts causés à la biodiversité. Une lueur d’espoir pour les océans.
Un projet audacieux : réensauvager les requins
Le projet ReShark, lancé en 2022, est le premier au monde à réintroduire des requins élevés en captivité dans la nature. L’idée est née d’un constat : les aquariums produisaient un surplus d’œufs de requins léopards, tandis que ces animaux avaient disparu des récifs de Raja Ampat, en Indonésie, à cause de la surpêche et du commerce des ailerons.
Mark Erdmann, directeur du projet, explique : « Nous avions des océans vides et des aquariums pleins. La solution était évidente. » En partenariat avec des institutions comme l’UICN et Conservation International, l’équipe a développé un protocole pour transporter les œufs, les faire éclore dans des nurseries locales, puis relâcher les jeunes requins dans des zones protégées.
Une méthode innovante et collaborative
Les œufs, de la taille d’une main humaine, sont transportés depuis des aquariums aux États-Unis jusqu’en Indonésie, où ils sont placés dans des nurseries spécialisées. Les requins y grandissent en mangeant des proies sauvages (escargots, palourdes) pour s’adapter à leur futur environnement. À 50 cm, ils sont transférés dans des enclos marins pour une phase de « grossissement », avant d’être relâchés à plus d’un mètre de long.
Nesha Ichida, responsable du programme en Indonésie, souligne l’importance des communautés locales : « Douze ‘nounous de requins’ ont été formées pour gérer les nurseries. Des enfants participent aussi aux lâchers, ce qui crée une connexion émotionnelle avec ces animaux. »
Des résultats prometteurs
Depuis 2022, 132 œufs ont été transportés, 99 requins ont éclos, et 43 ont été relâchés. L’objectif est d’en libérer 50 à 75 par an, un rythme qui pourrait rétablir une population viable en 10 ans, contre 200 ans sans intervention. Les premiers suivis par balises acoustiques montrent une bonne survie des jeunes requins, certains parcourant jusqu’à 23 km depuis leur lieu de lâcher.
Erin Meyer, cofondatrice de ReShark, insiste sur l’aspect scientifique : « Nous combinons expertise en élevage, génétique et écologie pour maximiser les chances de succès. »
Un modèle reproductible
Le succès du projet inspire d’autres initiatives, comme en Thaïlande, où une réintroduction de requins léopards est en préparation. À plus long terme, ReShark envisage d’étendre son modèle à d’autres espèces menacées, comme la raie-guitare à nez court, un poisson cartilagineux en danger critique.
Metavee Chuangcharoendee, de l’ONG WildAid, note un engouement croissant : « Les plongeurs et les médias locaux soutiennent le projet, ce qui renforce la protection des requins. »
Un espoir pour les océans
ReShark prouve que la conservation proactive peut inverser le déclin des espèces. En associant science, éducation et participation citoyenne, ce projet redonne espoir pour la biodiversité marine. Comme le résume Nesha Ichida : « Dans un monde où les mauvaises nouvelles dominent, ReShark rappelle que la nature a parfois besoin de nous. »