Justice environnementale : Le Kenya dit non au charbon à Lamu
Le tribunal kényan confirme l’annulation du permis de la centrale à charbon de Lamu, protégeant un site UNESCO et marquant une victoire pour la justice environnementale.

Le Kenya écrit une nouvelle page de son histoire environnementale. Le tribunal environnemental et foncier a confirmé l’annulation du permis de la centrale à charbon de Lamu, un projet controversé de 1 050 mégawatts. Cette décision, saluée par les militants et les communautés locales, met fin à une décennie de résistance contre un géant industriel. Un symbole fort pour la justice climatique en Afrique, où la protection des écosystèmes et des droits des populations s’impose face aux intérêts économiques.
Un combat de dix ans pour protéger Lamu
L’archipel de Lamu, joyau du Kenya inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, abrite des mangroves, des récifs coralliens et une biodiversité marine essentielle à la pêche et au tourisme. Dès 2016, l’annonce de la centrale à charbon par Amu Power a déclenché une mobilisation sans précédent. La coalition Save Lamu, composée de 40 organisations, et le mouvement régional deCOALonize ont dénoncé les risques sanitaires et écologiques du projet.
L’étude d’impact environnemental et social (EIES) a été jugée insuffisante, notamment en raison d’un manque de consultation publique. En 2019, le Tribunal national de l’environnement (NET) avait déjà annulé le permis, soulignant que « la participation du public est essentielle à la réussite d’une EIES ». Amu Power avait fait appel, prolongeant le bras de fer juridique.
Une victoire pour la justice environnementale
Le 7 novembre 2025, le juge Francis Njoroge a définitivement rejeté l’appel d’Amu Power, confirmant les lacunes de l’EIES et l’absence de transparence. Omar Elmawi, avocat et membre de deCOALonize, a salué une « victoire historique » : « Les habitants de Lamu ont tenu bon face à un géant du charbon. Cette décision prouve que les communautés unies peuvent changer le cours des choses. »
Elizabeth Kariuki, de l’organisation Natural Justice, y voit un renforcement des droits constitutionnels du Kenya : « Le développement ne doit jamais sacrifier la santé, la culture ou l’environnement. » La décision du tribunal rappelle que la justice climatique passe par l’écoute des populations et la protection des écosystèmes fragiles.
Un tournant pour l’Afrique de l’Est
La décision du Kenya s’inscrit dans une tendance régionale de désengagement du charbon. Après l’arrêt du projet en 2019, la Banque africaine de développement (BAD) avait retiré son soutien financier. En 2022, elle a annoncé la fin de ses investissements dans tous les nouveaux projets charbonniers.
Pour relancer le projet, Amu Power devrait réaliser une nouvelle EIES, intégrant les impacts cumulatifs sur la qualité de l’air, les écosystèmes côtiers et les moyens de subsistance des pêcheurs. Un défi colossal, alors que les autorités kényanes sont désormais tenues de publier leurs décisions et méthodologies pour permettre un contrôle indépendant.
Lamu, symbole de la résistance écologique
Lamu est bien plus qu’un site UNESCO : c’est un modèle de résistance citoyenne. Les communautés locales, soutenues par des ONG et des juristes, ont démontré que la mobilisation collective peut contrer les projets industriels destructeurs. Cette victoire inspire d’autres luttes en Afrique, où les enjeux climatiques et sociaux sont étroitement liés.
Le tribunal a rappelé que la participation publique n’est pas une option, mais une obligation. Une leçon pour les gouvernements et les investisseurs : les projets énergétiques doivent intégrer les voix locales et respecter les équilibres écologiques.
Et maintenant ?
Le projet de centrale à charbon est gelé, mais la vigilance reste de mise. Les militants appellent à un suivi strict des engagements du Kenya en matière de transition énergétique. Les énergies renouvelables, comme l’éolien et le solaire, pourraient offrir des alternatives durables pour répondre aux besoins électriques du pays sans sacrifier ses trésors naturels.
Cette décision marque un tournant : le Kenya choisit de protéger son patrimoine et ses citoyens, plutôt que de céder aux sirènes du charbon. Un exemple à suivre pour le continent, où la justice environnementale devient une priorité.
La bataille de Lamu est une victoire pour l’environnement, la démocratie participative et les droits des communautés. En rejetant la centrale à charbon, le Kenya envoie un message clair : le développement doit être durable et inclusif. Cette décision historique rappelle que la protection de la planète et des populations va de pair. Un espoir pour l’Afrique, et au-delà.
Et vous, que pensez-vous de cette victoire pour Lamu et la justice environnementale ?



