La bondrée apivore, solution naturelle pour limiter la prolifération des frelons asiatiques
En Galice, la bondrée apivore détruit jusqu’à 25 000 nids de frelons asiatiques chaque année. Découvrez comment ce rapace devient un allié clé contre cette espèce invasive.

Face à la prolifération du frelon asiatique, menace majeure pour les abeilles et la biodiversité, la nature a trouvé un allié inattendu : la bondrée apivore. Ce rapace discret, spécialiste de la destruction des nids de guêpes, s’attaque désormais aux frelons asiatiques en Galice. Selon une étude espagnole, chaque couple de bondrées élimine entre 67 et 83 nids par an, soit un total de 25 000 nids détruits annuellement dans la région. Une solution naturelle et efficace pour limiter l’invasion.
Un prédateur spécialisé dans la lutte anti-frelons
La bondrée apivore (Pernis apivorus) est un rapace migrateur peu connu, mais redoutablement efficace. Spécialisée dans la destruction des nids de guêpes, elle s’est adaptée à la présence du frelon asiatique, devenu sa deuxième proie principale en péninsule ibérique. Contrairement aux autres oiseaux, elle ne chasse pas les adultes, mais cible les larves et les nymphes, détruisant ainsi les colonies avant qu’elles ne se développent.
Protégée par des plumes dures et des paupières imperméables, la bondrée résiste aux piqûres et au venin. « Elle est probablement immunisée et peut manipuler les nids sans risque », expliquent les chercheurs de l’Université d’Alcalá de Henares. Une adaptation qui en fait un prédateur idéal contre le frelon asiatique.
Un impact significatif sur la régulation des frelons
L’étude menée en Galice révèle que la prédation par les bondrées réduit l’abondance des frelons dans un rayon d’1 km autour de chaque nid de rapace. En s’attaquant aux colonies au printemps, avant que les reines ne quittent le nid, les bondrées limitent la propagation des ouvrières et donc la construction de nouveaux nids.
« Depuis l’arrivée du frelon asiatique en 2014, la population de bondrées apivores a triplé dans certaines zones », souligne Salvador Rebollo, co-auteur de l’étude. La disponibilité de cette nouvelle source de nourriture a favorisé l’installation de couples reproducteurs, notamment dans les plantations d’eucalyptus, où les nids de frelons sont abondants et difficiles d’accès pour l’homme.
Une solution écologique et sans risque pour les apiculteurs
Contrairement aux craintes initiales, la bondrée apivore ne s’attaque pas aux ruches. « Aucune prédation sur les abeilles mellifères n’a été observée », précise l’étude. Les chercheurs insistent sur l’importance de protéger ce rapace et son habitat pour en faire un allié durable dans la lutte contre le frelon asiatique.
Pour favoriser sa présence, les scientifiques recommandent :
Éviter les insecticides qui pourraient nuire aux bondrées.
Diversifier les essences forestières pour offrir des sites de nidification adaptés.
Préserver les vieux arbres (eucalyptus, pins, chênes) où les rapaces installent leurs nids.
Un modèle à étendre en France et en Europe
En France, on estime à 20 000 le nombre de couples de bondrées apivores. Ces rapaces migrateurs reviennent chaque printemps et pourraient jouer un rôle similaire dans la régulation des frelons asiatiques, sans coût ni impact environnemental.
« Intégrer la bondrée apivore dans les stratégies de lutte contre les espèces invasives est une piste prometteuse », explique Luisa M. Díaz Aranda. En combinant protection des rapaces, gestion forestière durable et réduction des pesticides, il est possible de renforcer cet équilibre naturel.
Vers une coexistence harmonieuse avec la nature
L’exemple de la bondrée apivore montre que la nature dispose de ses propres mécanismes de régulation. Plutôt que de dépendre uniquement de méthodes chimiques ou humaines, favoriser les prédateurs naturels comme ce rapace pourrait offrir une solution durable, économique et écologique.
« La bondrée apivore ne résoudra pas à elle seule le problème des frelons asiatiques, mais elle contribue significativement à limiter leur expansion », conclut Salvador Rebollo. Une leçon d’humilité et d’espoir, qui rappelle que protéger la biodiversité, c’est aussi se donner les moyens de vivre en harmonie avec elle.
Et si la solution contre les frelons asiatiques venait du ciel ? La bondrée apivore, en tout cas, prouve que la nature sait parfois se défendre mieux que l’homme.