Le retour des poissons : le peuplement piscicole du lac Aasee (Münster) se remet après la catastrophe de 2018
Le lac Aasee, près de Münster, montre des signes de rétablissement : des poissons clés réapparaissent après la catastrophe écologique de 2018, signe d’un écosystème en renouveau.

Sept ans après une mortalité massive de poissons provoquée par une vague de chaleur extrême et une chute critique de l’oxygène dissous, le lac Aasee, situé à proximité de Münster en Allemagne, montre des signes nets de rétablissement écologique.
Une récente étude menée début octobre 2025 par l’association Ruhrverband, à la demande de la ville, apporte des résultats encourageants. L’apparition de certaines espèces de poissons clés, comme le sandres et, pour la première fois, l’aspe (Aspius aspius), suscite un optimisme prudent mais réel chez les experts.
2018 : une catastrophe écologique majeure
L’été 2018 a marqué un tournant dramatique pour l’Aasee. À la suite de températures exceptionnellement élevées, la concentration d’oxygène dans l’eau avait chuté brutalement, provoquant la mort de centaines de milliers de poissons. L’écosystème du lac s’était effondré, laissant derrière lui une étendue d’eau dégradée et une biodiversité affaiblie.
Depuis, la ville de Münster a multiplié les initiatives écologiques pour inverser la tendance. Et les résultats semblent aujourd’hui au rendez-vous.
Une résilience aquatique en marche
L’enquête de terrain réalisée en octobre a révélé la présence de jeunes sandres, espèce prédatrice déjà observée auparavant, mais surtout, pour la première fois, celle de l’aspe. Cette espèce est considérée comme un indicateur écologique positif, car elle ne prospère que dans des eaux relativement claires, bien oxygénées, et au sein d’un réseau trophique stable.
Ces poissons prédateurs témoignent d’un rééquilibrage du cycle alimentaire du lac, signe que l’écosystème tend à se reconstruire de manière fonctionnelle.
L’étude, qui combine des techniques de pêche électrique (inoffensive pour les poissons) et l’analyse de filets de contrôle, est la troisième du genre depuis 2018. Elle sera reconduite tous les trois ans pour observer l’évolution du plan d’eau sur le long terme.
Des mesures écologiques qui portent leurs fruits
Ce renouveau ne doit rien au hasard. Il est le résultat d’une stratégie ciblée menée par la ville de Münster pour améliorer la résilience écologique du lac. Plusieurs mesures concrètes ont été mises en place :
Îlots végétaux flottants : Ces structures offrent des zones de frai, des refuges pour les poissons et contribuent à l’amélioration de la qualité de l’eau en filtrant les nutriments et en créant de l’ombre, ce qui limite la prolifération des algues.
Rénaturation des berges : Des zones riveraines “quasi naturelles” ont été développées, permettant un habitat plus favorable à la faune aquatique.
Surveillance régulière : L’analyse continue de l’eau et des espèces permet un suivi rigoureux de l’état du lac.
Des micro-organismes révélateurs
Autre signe encourageant : la forte densité de microcrustacés observée au printemps dernier. Ces minuscules organismes jouent un rôle crucial dans la filtration naturelle de l’eau, tout en servant de nourriture à des poissons non prédateurs comme le gardon ou la brème argentée.
La présence simultanée de poissons prédateurs (comme le sandre) et non prédateurs témoigne d’un écosystème équilibré, capable de s’autoréguler.
Vers un lac résilient et durable
L’objectif affiché de la ville est clair : faire de l’Aasee un plan d’eau résilient, capable de résister aux événements climatiques extrêmes à venir — qu’il s’agisse de vagues de chaleur, de sécheresse ou de pollution accidentelle.
Selon l’Office municipal des parcs, de l’environnement et du développement durable, une population piscicole stable et diversifiée est la clé d’un lac autorégulé, moins dépendant des interventions humaines.
Une bonne nouvelle pour les villes face au changement climatique
La renaissance du lac Aasee démontre qu’un effort local et ciblé peut redonner vie à un écosystème durement touché. À l’heure où les conséquences du changement climatique se font de plus en plus ressentir, cette réussite offre un exemple concret de résilience écologique urbaine.