Le Sénat réhabilite les femmes condamnées pour avortement
Le Sénat a récemment pris une décision historique en votant à l'unanimité un texte qui vise à réhabiliter les femmes condamnées pour avoir pratiqué un avortement illégal.
Ce vote, qui a eu lieu le 20 mars, revêt une importance particulière, marquant cinquante ans depuis l'adoption de la loi Veil et un an après la constitutionnalisation du droit à l'avortement. Les sénateurs ont ainsi reconnu les « souffrances physiques et morales » endurées par ces femmes, soulignant l'impact dévastateur des lois qui ont pénalisé l'avortement avant sa dépénalisation en 1975.
La proposition de loi, portée par la sénatrice socialiste Laurence Rossignol, ancienne ministre des Droits des femmes, vise à atteindre plusieurs objectifs cruciaux. Elle affirme que toutes les législations qui ont criminalisé l'accès à l'avortement en France ont non seulement porté atteinte à la santé des femmes, mais ont également entraîné de nombreux décès et causé des souffrances incommensurables. Ce vote symbolique est un pas vers la reconnaissance des injustices passées et un appel à la réparation pour celles qui ont été pénalisées pour avoir exercé leur droit à disposer de leur corps.
Lors de la séance, la majorité au Sénat a voté en faveur d'un amendement visant à modifier le deuxième article de la proposition de loi. Cet amendement propose la création d'une commission nationale indépendante, dont la mission sera de recueillir et de transmettre les témoignages des femmes ayant subi un avortement dans des conditions clandestines. Cette commission, qui sera constituée d'historiens, de juristes et de représentants d'associations défendant le droit à l'IVG, inclura également des parlementaires. Laurence Rossignol a souligné qu'à l'échelle mondiale, 38 millions de femmes se voient obligées chaque année de recourir à un avortement non sécurisé ou clandestin.
Bien que le droit à l'avortement soit désormais inscrit dans la Constitution française, son accès demeure problématique dans certaines régions. Un rapport de la DREES révèle que 17 % des femmes doivent changer de département pour pouvoir bénéficier d'une IVG. Cette situation met en lumière les inégalités persistantes en matière d'accès aux soins et souligne l'importance de continuer à défendre et à améliorer les droits des femmes en matière de santé reproductive.
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