Les drones au service des géants des mers : une révolution scientifique
Découvrez comment drones et photogrammétrie transforment l’étude des baleines, révélant l’impact du climat sur ces géants marins. Une révolution scientifique en marche.

Les baleines, ces colosses des océans, restent mystérieuses. Leur longévité et leur reproduction lente rendent difficile l’évaluation de leur santé et de leurs populations. Pendant des décennies, les scientifiques se sont appuyés sur des photographies et des marques naturelles pour les identifier. Mais aujourd’hui, une nouvelle ère s’ouvre : les drones et la photogrammétrie transforment notre compréhension de ces animaux emblématiques.
Une technologie innovante pour des données précises
John Durban, scientifique au Centre Andrew Cabot pour la vie océanique, utilise des drones pour capturer des images haute résolution des baleines. Ces clichés permettent de mesurer leur taille, leur forme et même leur état de santé. En analysant ces données, les chercheurs établissent des liens entre les facteurs environnementaux et le bien-être des cétacés.
« Nous étudions la santé individuelle des baleines comme un système d’alerte précoce, avant qu’elles ne meurent ou ne rencontrent des problèmes de reproduction », explique Durban. Cette approche proactive offre une vision plus fine des fluctuations des populations.
Deux espèces, deux océans : des défis variés
L’équipe de Durban se concentre sur deux espèces : les baleines franches de l’Atlantique Nord et les orques d’Alaska. Chaque année, les scientifiques se rendent sur le terrain pendant les périodes de rassemblement des baleines pour les observer.
En Alaska, les orques peinent à se remettre de la marée noire de l’Exxon Valdez (1989). La vague de chaleur marine de 2013 a aggravé leur situation, réduisant leur taille et leur capacité à se reproduire. « Les femelles plus petites stockent moins d’énergie, ce qui affecte leur reproduction », souligne Durban.
De même, les baleines franches deviennent plus petites et plus maigres, probablement en raison de ressources alimentaires imprévisibles. « Elles sont moins résistantes aux perturbations », ajoute-t-il.
Des avancées majeures, mais des défis persistants
Grâce aux drones, les scientifiques détectent désormais les grossesses dès le tiers de la gestation. « C’est une mesure extrêmement précise de l’état des populations », précise Durban. Cependant, des obstacles subsistent.
L’analyse des 40 000 images collectées chaque année reste fastidieuse. Malgré des tentatives d’automatisation, aucun modèle d’intelligence artificielle ne répond encore aux besoins de l’équipe. De plus, le changement climatique modifie les déplacements des baleines, rendant leur localisation plus difficile.
Un engagement sur le long terme
« Ces baleines vivent plus longtemps que nous. Nous devons comprendre les changements qu’elles traversent », insiste Durban. Malgré les défis, la persévérance est essentielle. Les drones et la photogrammétrie offrent un espoir : mieux protéger ces géants des mers en décryptant les signaux faibles de leur santé.
La technologie ne remplace pas l’expertise humaine, mais elle l’amplifie. Et c’est peut-être là que réside la clé pour sauver les baleines.


