Les extinctions ralentissent : une lueur d’espoir pour la biodiversité ?
Une étude récente révèle que les extinctions d’espèces ont ralenti depuis 100 ans, remettant en cause l’idée d’une sixième extinction de masse. Découvrez les vraies menaces pour la biodiversité.
La Terre serait-elle en train de vivre une sixième extinction de masse ? Cette idée, largement répandue, est souvent présentée comme une conséquence inéluctable de l’activité humaine. Pourtant, une étude récente publiée dans Proceedings of the Royal Society B remet en question ce scénario catastrophiste. Selon les chercheurs Kristen Saban et John Wiens, les extinctions d’espèces ont en réalité ralenti depuis un siècle, et les causes historiques ne reflètent pas les menaces actuelles. Une lueur d’espoir pour la biodiversité ?
Les extinctions : un pic il y a 100 ans, puis un ralentissement
L’étude de Saban et Wiens, basée sur l’analyse de 912 espèces disparues sur 500 ans et de données concernant près de 2 millions d’espèces, révèle une tendance inattendue : les extinctions ont atteint leur apogée il y a environ un siècle, avant de diminuer. Contrairement aux prédictions alarmistes, les taux d’extinction ne s’accélèrent pas aujourd’hui, mais ont même reculé pour certains groupes comme les plantes, les arthropodes et les vertébrés terrestres.
« Nous démontrons que les taux d’extinction ne s’accélèrent pas à l’heure actuelle, comme beaucoup de gens le prétendent », souligne John Wiens. Cette découverte contredit les extrapolations souvent utilisées pour annoncer une sixième extinction de masse, qui se basent sur des données historiques sans tenir compte des changements récents.
Des causes historiques différentes des menaces actuelles
L’étude met en lumière un autre point crucial : les causes des extinctions passées ne sont pas les mêmes que celles d’aujourd’hui. Dans le passé, les espèces envahissantes, comme les rats ou les porcs introduits sur les îles, ont été responsables de nombreuses disparitions. Aujourd’hui, la principale menace est la destruction des habitats naturels, notamment sur les continents.
« Les extinctions passées sont des indicateurs faibles et peu fiables du risque actuel », explique Kristen Saban. Par exemple, les mollusques et les vertébrés insulaires ont été particulièrement touchés par les espèces invasives, tandis que les espèces continentales souffrent davantage de la perte de leur milieu naturel.
Le changement climatique : une menace future, mais pas encore majeure
Contrairement aux idées reçues, l’étude ne trouve aucune preuve d’une augmentation des extinctions due au changement climatique au cours des 200 dernières années. « Cela ne signifie pas que le changement climatique ne constitue pas une menace », précise John Wiens. « Cela signifie simplement que les extinctions passées ne reflètent pas les menaces actuelles et futures. »
Les chercheurs soulignent que les scénarios catastrophistes, qui comparent la situation actuelle à un « astéroïde frappant la Terre », risquent de décourager l’action plutôt que de l’encourager. « En examinant les données de cette manière, nous espérons contribuer à une meilleure compréhension de la perte de biodiversité », ajoute Kristen Saban.
La conservation porte ses fruits
Une autre raison du ralentissement des extinctions ? Les efforts de conservation. « De nombreuses personnes travaillent dur pour empêcher l’extinction des espèces », rappelle John Wiens. Des études montrent que les investissements dans la protection des habitats et des espèces menacées sont efficaces.
L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) évalue actuellement 163 000 espèces, et les niveaux de menace actuels offrent une meilleure indication des risques futurs que les données historiques. « Le niveau de menace actuel est probablement notre meilleur indicateur de ce qui pourrait se produire dans un avenir proche », conclut Wiens.
Un appel à la rigueur scientifique et à l’action ciblée
Kristen Saban insiste sur l’importance de parler de la biodiversité avec précision. « La perte de biodiversité est un problème majeur, mais il est crucial que nos recherches soient rigoureuses pour prévenir de nouvelles disparitions. » L’étude ne nie pas l’urgence de la situation, mais invite à éviter les généralisations hâtives et à concentrer les efforts sur les vraies menaces, comme la destruction des habitats.
« Si nous disons que ce qui se passe est une catastrophe totale, le problème devient insurmontable », avertit Saban. « Notre objectif est d’éclairer les débats et de trouver des solutions plus efficaces. »
Un message d’espoir et de responsabilité
Cette étude offre un message à la fois rassurant et mobilisateur. Rassurant, car elle montre que les extinctions ne s’accélèrent pas et que les actions de conservation portent leurs fruits. Mobilisateur, car elle rappelle que la biodiversité reste menacée, mais que les solutions existent.
La science nous invite à agir avec précision et détermination, en ciblant les causes réelles de la perte de biodiversité. Et si la sixième extinction de masse n’était pas une fatalité, mais un défi à relever ? La réponse est entre nos mains.


