Les nurdles, ces microplastiques invisibles que l’UE veut enfin réguler
L’UE renforce ses règles contre les nurdles, ces microplastiques invisibles qui polluent océans et terres. Découvrez les mesures et leurs impacts sur l’environnement et l’industrie.
Chaque année, des milliers de tonnes de microplastiques envahissent nos océans et nos sols. Parmi eux, les nurdles, ces minuscules granulés de plastique, passent souvent inaperçus, mais causent des dégâts considérables. Ce jeudi, la Commission européenne franchit une étape historique en votant une réglementation visant à réduire drastiquement leur dispersion dans l’environnement. Une mesure saluée par les associations, mais qui soulève encore des questions sur son efficacité réelle.
Les nurdles : des microplastiques aux conséquences macro
Les nurdles sont les briques élémentaires de l’industrie plastique. De la taille d’une lentille, ces granulés servent à fabriquer bouteilles, emballages et autres objets du quotidien. Pourtant, leur production et leur transport engendrent des pertes colossales : entre 52 000 et 184 000 tonnes de nurdles se retrouvent chaque année dans la nature en Europe, selon la Commission. C’est l’équivalent de 2 100 à 7 300 camions de granulés déversés annuellement.
Leur impact est dévastateur. Ingérés par la faune marine, ils perturbent les écosystèmes et contaminent la chaîne alimentaire. Leur nettoyage, quant à lui, est un casse-tête : après le naufrage du X-Press Pearl en 2021, 1 680 tonnes de nurdles ont souillé les côtes sri-lankaises, illustrant l’ampleur du problème. En Europe, des déversements similaires ont touché la mer du Nord et les côtes espagnoles et françaises.
Une réglementation européenne ambitieuse, mais suffisante ?
La nouvelle réglementation impose aux entreprises des mesures strictes pour limiter les fuites de nurdles. D’ici 18 mois après son adoption, tous les acteurs de la chaîne logistique — producteurs, transporteurs, et même les PME — devront se conformer à des protocoles de prévention et de gestion des déversements. L’objectif ? Réduire les pertes de 54 à 74 % d’ici 2030.
Pour Lucie Padovani, de la Surfrider Foundation Europe, cette avancée est cruciale : « Nettoyer ces microplastiques est extrêmement difficile et coûteux ; la prévention est donc la solution la plus judicieuse. » Elle salue une « base de référence importante » pour lutter contre la pollution, tout en soulignant que les petites entreprises, souvent exemptées de contraintes lourdes, devraient aussi être mieux encadrées.
Un pas en avant, mais des défis persistants
Si la réglementation marque une volonté politique forte, son efficacité dépendra de son application concrète. Les nurdles, bien que non toxiques, agissent comme des éponges à polluants et perturbent les écosystèmes. Leur taille minuscule les rend quasi impossibles à éliminer une fois dispersés.
L’UE mise sur une approche globale, intégrant la responsabilité de tous les maillons de la chaîne. Mais pour les associations, il faudra aller plus loin : étendre les obligations aux acteurs internationaux et renforcer les sanctions en cas de non-respect. La bataille contre les nurdles ne fait que commencer.


