Les truites de retour au lac Champlain après plus de 50 ans d’absence
Après un demi-siècle, la population de truites dans l'un des plus grands lacs des États-Unis a atteint des niveaux historiques. Ce retour à la normale est le fruit d'efforts concertés pour ...

Ce retour à la normale est le fruit d'efforts concertés pour contrôler les espèces envahissantes et d'un programme d'empoissonnement avec des poissons élevés en captivité. Aujourd'hui, il semble qu'une population autosuffisante et viable de touladis soit de nouveau présente dans le lac Champlain. Ce succès remarquable a conduit à la décision de suspendre l'empoissonnement dans le lac de New York, les experts estimant que les truites nées et élevées dans leur habitat naturel pourront désormais survivre et se reproduire sans intervention humaine.
Cette annonce a été faite par la Lake Champlain Fish and Wildlife Management Cooperative lors de sa réunion annuelle du 10 avril 2025. Ce groupe de travail, qui regroupe des représentants de trois agences étatiques et fédérales, a souligné que cette décision marque l'aboutissement de cinq décennies de travail acharné en matière de conservation. Ellen Marsden, scientifique halieutique à l'Université du Vermont et spécialiste reconnue du touladi, a exprimé son étonnement face à cette réussite. Elle a noté que, bien que des défis persistent dans le domaine de la conservation, comme la dégradation des habitats ou la lutte contre les espèces envahissantes, cet événement est exceptionnel et témoigne d'un succès rapide et tangible.
Pour continuer sur cette lancée, la coopérative prévoit de repeupler à nouveau le lac avec des truites ce printemps. Parallèlement, elle s'engagera dans une évaluation continue de la santé de la population de truites et élaborera un plan qui inclura des repères pour relancer le repeuplement si jamais le nombre de truites sauvages venait à diminuer. Cette approche proactive vise à garantir la pérennité de cette espèce emblématique et à préserver l'équilibre écologique du lac Champlain pour les générations futures.
Adirondack Explorer a souligné que cette décision plonge la coopérative dans un territoire inexploré, car aucune initiative similaire n'a jamais connu de succès avéré. Le touladi, un poisson qui peut vivre jusqu'à 30 ans, signifie que les conséquences de cette approche de gestion ne se feront pas sentir immédiatement. Rob Fiorentino, le superviseur des pêches de la région 5 du DEC, a exprimé lors d'une interview l'année dernière que cette situation représente à la fois un défi et une opportunité. Il a noté qu'il n'existe pas de précédents sur lesquels s'appuyer pour guider leurs actions.
Pourquoi la lamproie marine menace-t-elle les poissons indigènes ?
Le processus de repeuplement a été lancé en 1972, mais la lutte contre la lamproie marine, un parasite invasif, n'a commencé qu'en 1990. Cette espèce, qui s'attaque aux poissons en s'accrochant à eux et en se nourrissant de leurs fluides corporels, peut causer des blessures graves, voire mortelles. Bien que le repeuplement des touladis ait été essentiel pour compenser les pertes dues à la lamproie marine, il est important de noter que le rétablissement d'une population de touladis sauvages n'aurait pas été possible sans des efforts significatifs pour contrôler cette espèce nuisible.
Originaire de l'océan Atlantique, la lamproie marine joue un rôle écologique dans les écosystèmes côtiers, mais elle devient problématique lorsqu'elle envahit des eaux intérieures dépourvues de prédateurs naturels. Dans ces environnements, elle peut causer des ravages sur les populations de poissons locaux, notamment la truite de lac. La gestion de cette espèce invasive est donc cruciale pour assurer la survie et la prospérité des espèces de poissons indigènes, tout en permettant aux initiatives de repeuplement de porter leurs fruits à long terme.
Le programme de lutte contre la lamproie, mis en place par le Fish and Wildlife Service, adopte une approche variée pour s'attaquer à ce problème. Parmi les mesures prises, on trouve l'installation de barrières physiques dans les rivières et ruisseaux qui se déversent dans le lac Champlain, ainsi que l'utilisation de lampricides spécifiquement conçus pour cibler et éliminer les larves de lamproie marine avant qu'elles ne puissent nuire aux populations de poissons. De plus, des efforts sont déployés pour piéger et retirer les lamproies adultes avant qu'elles n'aient la possibilité de frayer. Grâce à ces initiatives, le taux de blessures causées par les lamproies marines a considérablement diminué, passant de 99 blessures pour 100 touladis en 2006 à seulement 23 pour 100 en 2022. Ce chiffre a fluctué autour de l'objectif de 25 fixé par la coopérative au cours des deux dernières années, témoignant de l'efficacité des mesures mises en œuvre.
Initiatives efficaces contre la lamproie marine au lac Champlain
La lutte contre cette espèce envahissante est cruciale non seulement pour la préservation des poissons indigènes, mais aussi pour le maintien d'une pêche récréative prospère, en particulier celle du touladi. En effet, la santé des écosystèmes aquatiques est intimement liée à la gestion des espèces envahissantes, et le succès de ce programme pourrait avoir des répercussions positives sur l'ensemble de l'écosystème du lac Champlain. En favorisant le rétablissement des espèces locales, le programme contribue également à soutenir l'économie locale, qui bénéficie grandement des activités de pêche.
Pour chaque dollar investi dans la lutte contre la lamproie marine, on estime que 3,50 dollars sont réinjectés dans l'économie, un retour sur investissement significatif. Plus de 450 millions de dollars proviennent de la pêche commerciale annuelle sur le lac, soulignant l'importance économique de cette ressource. Wendi Weber, directrice régionale du US Fish and Wildlife Service pour la région Nord-Est, a exprimé sa fierté de collaborer avec la coopérative pour améliorer les conditions de restauration des espèces indigènes du lac Champlain. Elle a également souligné l'enthousiasme suscité par les résultats du programme, qui non seulement revitalise la pêche récréative, mais soutient également l'économie régionale dans son ensemble.
vu sur Good News Network