Mexique : Nouvelle réglementation historique pour sauver les requins menacés
Le Mexique interdit la capture de 5 espèces de requins menacées dans l’Atlantique. Une avancée saluée, mais jugée tardive par les défenseurs de l’environnement.
Le Mexique vient d’adopter une réglementation nationale pour protéger cinq espèces de requins menacées dans l’océan Atlantique. Cette mesure, fondée sur les recommandations de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA), interdit désormais la capture, le stockage et la vente de ces espèces. Une avancée saluée par les défenseurs de l’environnement, mais jugée tardive, alors que le pays s’était engagé il y a plus de dix ans à appliquer ces règles.
Une réglementation attendue depuis des années
Le Mexique, bordé par l’Atlantique et le Pacifique, est un acteur clé de la pêche mondiale. Ses pêcheries capturent chaque année un nombre important de requins, soit intentionnellement, soit accidentellement. La nouvelle réglementation cible spécifiquement les pêcheries à la palangre opérant dans les eaux gérées par la CICTA, y compris le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes.
Cinq espèces de requins sont désormais protégées :
Le requin-renard à gros yeux (Alopias superciliosus)
Le requin soyeux (Carcharhinus falciformis)
Le requin océanique (Carcharhinus longimanus)
Le requin-taupe bleu (Isurus oxyrinchus)
Les requins-marteaux (genre Sphyrna), à l’exception du bonnethead (Sphyrna tiburo)
Ces espèces, classées comme vulnérables ou en voie de disparition, bénéficient désormais d’une protection stricte : il est interdit de les conserver à bord, de les stocker, de les transborder, de les débarquer ou de les vendre.
Un pas en avant, mais des limites persistantes
Les défenseurs des requins saluent cette mesure, mais soulignent qu’elle arrive avec un retard considérable. Sonja Fordham, présidente de Shark Advocates International, a déclaré : « Bien qu’attendues depuis longtemps, ces nouvelles mesures pourraient renforcer considérablement les efforts internationaux de conservation. » Pourtant, le Mexique avait déjà l’obligation d’appliquer ces recommandations depuis 2009.
Iris Ziegler, experte en politiques de pêche à la Fondation allemande pour la conservation marine, pointe du doigt les lacunes de la réglementation :
Certaines espèces, comme les raies manta et les requins-baleines, ne sont pas incluses, bien que la CICTA ait recommandé leur protection.
La réglementation ne s’applique qu’aux « plus grands palangriers », une définition floue qui exclut potentiellement d’autres types de navires.
Aucune directive claire n’est donnée pour la remise à l’eau des requins capturés accidentellement, laissant une marge d’interprétation aux pêcheurs.
Un enjeu de conservation à l’échelle mondiale
Les requins jouent un rôle essentiel dans l’équilibre des écosystèmes marins. Leur déclin menace la biodiversité et la santé des océans. Le Mexique, en tant que pays bordant deux océans, a une responsabilité particulière : de nombreux navires y transitent entre l’Atlantique et le Pacifique, augmentant les risques de capture accidentelle.
La CICTA, organisme multilatéral, impose des règles contraignantes, mais leur application dépend de chaque État membre. Le Mexique montre l’exemple en intégrant enfin ces recommandations, mais les experts appellent à une extension de ces protections au Pacifique et à une meilleure surveillance des pratiques de pêche.
Vers une pêche plus durable ?
La Commission nationale mexicaine de l’aquaculture et de la pêche a souligné que cette réglementation « respecte les engagements internationaux du Mexique et promeut des pratiques de pêche responsables ». Un premier pas vers une gestion plus durable des ressources marines, mais qui doit s’accompagner de mesures complémentaires :
L’élargissement de la protection à d’autres espèces menacées.
La clarification des règles pour les captures accidentelles.
Le renforcement des contrôles et des sanctions en cas de non-respect.
Les yeux du monde sont désormais tournés vers le Mexique : saura-t-il transformer cette avancée en un modèle de conservation efficace ?
La nouvelle réglementation mexicaine marque un progrès significatif pour la protection des requins, mais son application et son étendue restent à perfectionner. Les défenseurs de l’environnement espèrent que cette mesure inspirera d’autres pays à renforcer leurs lois pour préserver ces espèces essentielles. L’océan n’a pas de frontières : la protection des requins doit être une priorité mondiale.


