Moldavie : comment le pays a révolutionné la protection de l’enfance
Découvrez comment la Moldavie a réduit le nombre d’enfants en orphelinats de 17 000 à 700, grâce à une réforme audacieuse et l’aide de Lumos et de l’UNICEF. Une success story humaine.
La Moldavie, petit pays d’Europe de l’Est, a accompli une transformation remarquable en matière de protection de l’enfance. Avant l’an 2000, plus de 17 000 enfants vivaient dans des orphelinats, souvent dans des conditions précaires et sans perspective d’avenir. Aujourd’hui, ce chiffre a chuté à 700, et le pays s’est fixé un objectif ambitieux : éliminer totalement les orphelinats d’ici 2027.
Cette révolution sociale, menée en collaboration avec des ONG comme Lumos et l’UNICEF, montre comment une volonté politique et un engagement humanitaire peuvent changer des milliers de vies.
Un héritage lourd : des orphelinats synonymes d’exclusion
Avant les années 2000, les orphelinats moldaves étaient le reflet d’un système hérité de l’ère soviétique. Ces établissements, appelés « foyers résidentiels », accueillaient des enfants non seulement orphelins, mais aussi issus de familles pauvres, de mères célibataires stigmatisées, ou d’enfants en situation de handicap. Les conditions y étaient souvent austères, et l’éducation, rudimentaire.
À leur majorité, les jeunes adultes sortaient de ces institutions avec peu de compétences, les condamnant souvent au chômage, à la toxicomanie, ou à la criminalité. Un cercle vicieux que la Moldavie a décidé de briser.
Une réforme audacieuse : vers une enfance en famille
Le tournant a eu lieu en 2007, avec le lancement de la Stratégie nationale de réforme du système d’accueil résidentiel. L’objectif ? Désinstitutionnaliser 50 % des enfants placés et réformer en profondeur la protection de l’enfance.
Plusieurs leviers ont été actionnés :
Soutien aux familles défavorisées : aides financières et sociales pour éviter les abandons.
Éducation inclusive : intégration des enfants à besoins spécifiques dans les écoles classiques.
Réseau de familles d’accueil : formation et accompagnement de familles prêtes à accueillir des enfants.
Résultat : aujourd’hui, seuls 700 enfants vivent encore en institution, contre 17 000 il y a 25 ans.
Lumos, un acteur clé de la transformation
Fondée par J.K. Rowling, l’ONG Lumos a joué un rôle central dans cette transition. En Moldavie, elle a créé des centres communautaires pour éviter le placement des enfants et réintégrer plus de 1 100 enfants dans des familles.
Marcel Straton, directeur de Lumos Moldavie, souligne les défis restants : « Il faut améliorer le soutien financier aux familles d’accueil et développer un système de placement temporaire pour leur permettre de souffler. »
Un autre enjeu ? La formation des professionnels. Beaucoup, formés à l’ancien système, peinent à s’adapter aux nouvelles méthodes. Recruter et former de nouveaux intervenants est une priorité.
Des vies changées : l’histoire de Milena et Irina
Irina Malanciuc, directrice adjointe de Lumos, a vécu cette réforme de l’intérieur. Ancienne responsable d’un orphelinat, elle a œuvré pour rendre leur famille à des centaines d’enfants. Parmi eux, Milena, qu’elle a adoptée en 2008.
« Les enfants ont besoin d’amour, pas d’institutions, » confie Irina. Milena, aujourd’hui âgée de 24 ans, est un symbole de cette réussite. « Quitter l’orphelinat m’a permis de me construire et d’espérer. »
Leur histoire illustre le succès de la réforme. Milena a quitté le domicile familial après son mariage, mais reste très proche d’Irina. Ensemble, elles voyagent et célèbrent leur lien indéfectible.
Un modèle pour l’Europe et au-delà
La Moldavie prouve qu’une réforme ambitieuse peut transformer des vies. En alignant ses standards sur ceux de l’Union européenne, le pays montre la voie à d’autres nations confrontées à des défis similaires.
Avec l’objectif 2027 en ligne de mire, la Moldavie écrit une nouvelle page de son histoire sociale. Une page où chaque enfant grandit dans une famille, entouré d’amour et d’espoir.


