Moldavie : comment Volintiri devient autonome grâce aux énergies renouvelables
Découvrez comment Volintiri, un village isolé de Moldavie, est devenu un modèle d’indépendance énergétique grâce aux énergies renouvelables et à l’engagement citoyen.
Perdu dans le sud-est rural de la Moldavie, à quelques kilomètres de la frontière ukrainienne, Volintiri est l’un des villages les plus isolés d’Europe. Pourtant, ce petit bourg de 2 500 habitants, entouré de champs de blé, de maïs et de tournesols, pourrait bien donner des leçons aux grandes métropoles. En pleine crise énergétique, Volintiri a choisi l’indépendance : grâce à des énergies renouvelables locales, le village réduit ses factures, ses émissions et inspire une transition citoyenne.
Une crise transformée en opportunité
Pendant des décennies, la Moldavie dépendait à 100 % de la Russie pour son énergie. Gaz et électricité provenaient de sources russes, rendant le pays vulnérable aux chocs géopolitiques. Avec la guerre en Ukraine en 2022, les prix de l’énergie ont explosé, plongeant certaines régions dans le noir. À Volintiri, la facture de chauffage de l’école maternelle est passée de 5 000 lei (296 $ ) en 2021 à 48 000 lei (2 850 $ ) en 2023.
« Nous nous sommes sentis très vulnérables », confie Hîncu, le maire du village. La solution ? Abandonner le gaz russe et se tourner vers la biomasse. Avec l’aide de l’ONG Ecovisio, Volintiri a installé un poêle à granulés dans l’école maternelle, utilisant des ressources locales comme le bois et les tournesols. Résultat : la facture de chauffage a été divisée par deux.
L’énergie solaire, clé de l’autonomie
Les panneaux solaires ont aussi joué un rôle crucial. Grâce au solaire, la facture a chuté de 2 000 lei (contre 5000 avant), soit une réduction d’un tiers. En juin 2025, la production solaire a même atteint un record de 1 500 kW, de quoi alimenter plusieurs foyers.
« L’énergie verte est dans mon sang », déclare Hîncu. Pour ce maire visionnaire, l’objectif est clair : laisser un héritage positif à sa communauté. Volintiri n’est pas un cas isolé. En 2021, seulement 3 % de l’énergie moldave provenait des renouvelables. Aujourd’hui, ce chiffre atteint 25 %, et jusqu’à 40 % les jours ensoleillés et venteux.
Un modèle pour l’Europe
La Moldavie mise désormais sur les communautés énergétiques citoyennes. En 2024, un règlement a autorisé la création de coopératives locales pour produire et partager de l’énergie verte. Volintiri fait partie des municipalités pilotes, aux côtés de Nisporeni, Tomai ou encore Straseni.
« Ces communautés favorisent la résilience locale et l’inclusion économique », explique Mircea Dragomir, du PNUD Moldavie. L’initiative s’inspire du plan REPowerEU, qui encourage les États membres à créer une communauté énergétique par municipalité de plus de 10 000 habitants.
En France, Enercoop, ou en Allemagne, EWS, montrent que les projets citoyens fonctionnent. Birgitte Bak-Jensen, professeure à l’université d’Aalborg, souligne que ces communautés renforcent l’engagement local et le sentiment d’appartenance. « Les habitants deviennent acteurs de leur transition énergétique », précise-t-elle.
Un espoir contre le dépeuplement rural
À Volintiri, les économies réalisées sont réinvesties dans des projets locaux, comme les installations sportives de l’école. Mais l’ambition va plus loin : attirer de nouveaux habitants. « Nous avons une bonne connexion internet et une énergie bon marché, explique Ina, l’épouse du maire. Peut-être que les gens reviendront. »
Volintiri prouve qu’un village rural peut devenir un laboratoire d’innovation énergétique. Face aux défis climatiques et géopolitiques, son modèle montre que l’autonomie est possible, même dans les endroits les plus isolés. Une leçon d’espoir pour l’Europe et au-delà.


