Restauration fluviale réussie : les saumons reviennent dans le bassin de Klamath
Un an après la suppression de 4 barrages, les saumons quinnats migrent sur 480 km dans l’Oregon. Découvrez leur retour historique, un espoir pour les tribus Klamath et la biodiversité locale.

Un événement historique se déroule dans le sud de l’Oregon : un an après la suppression de quatre barrages sur la rivière Klamath, les saumons quinnats d’automne ont parcouru près de 480 kilomètres pour retrouver leurs lieux de frai ancestraux. Pour la première fois depuis 1918, ces poissons emblématiques ont été observés à Chiloquin, au confluent des rivières Sprague et Williamson. Un symbole d’espoir pour les tribus Klamath et une preuve que la nature, une fois libérée, peut se régénérer. Ce retour marque l’aboutissement du plus grand projet de restauration fluviale des États-Unis.
Un projet de restauration sans précédent
En 2023, la suppression des barrages Copco 1, Copco 2, Iron Gate et JC Boyle a marqué un tournant dans l’histoire écologique américaine. Ce projet, le plus ambitieux jamais réalisé aux États-Unis, a permis aux saumons quinnats de franchir des obstacles infranchissables depuis plus d’un siècle. « Cent quinze ans qu’ils ne sont pas venus ici, et ils ont toujours ce GPS en eux », s’émerveille William Ray, Jr., président de la tribu Klamath. Ces poissons, équipés de balises, ont été suivis par les scientifiques alors qu’ils traversaient les anciens sites de barrages, prouvant que leur instinct de migration reste intact malgré les décennies d’absence.
Un voyage semé d’embûches
Le parcours des saumons n’a pas été sans défis. Le lac Klamath supérieur, en aval, est confronté à des problèmes de qualité de l’eau, notamment des proliférations de cyanobactéries toxiques. « L’été dernier, l’eau était si toxique qu’on ne pouvait ni la boire ni s’y baigner », rappelle William Ray. Pourtant, malgré ces obstacles, un saumon a été photographié entrant dans le lac, et d’autres ont été détectés dans la rivière Williamson après avoir traversé 24 kilomètres de lac. « C’est incroyable de voir où vont ces saumons et ce qu’ils font », s’enthousiasme Mark Hereford, responsable du projet de réintroduction pour l’ODFW (Département de la pêche et de la faune de l’Oregon).
Adam Baylor, porte-parole de l’ODFW, confirme que des poissons équipés de radio-balises ont également été repérés dans les eaux de Pelican Bay. « Nous estimons qu’il y a probablement plus de 100 saumons qui ont réussi à atteindre le barrage de la rivière Link », précise William Ray. Un succès qui dépasse toutes les espérances.
Un espoir pour les tribus Klamath
Pour les peuples autochtones, le saumon représente bien plus qu’une simple ressource alimentaire. « Traditionnellement, il constituait environ un tiers de notre alimentation », explique William Ray. Sa disparition en 1918, avec la construction du barrage Copco 1, avait profondément affecté leur mode de vie. Aujourd’hui, ce retour est une victoire culturelle et écologique. Les tribus Klamath, en collaboration avec l’ODFW, surveillent de près cette migration exceptionnelle. « Nous prions pour que les reproducteurs continuent leur travail naturel et reviennent chaque année », déclare Ray.
Pour protéger cette renaissance, les rivières du bassin supérieur de Klamath sont fermées à la pêche au saumon. « L’étape suivante consiste à leur permettre de vivre sans interférence », insiste Ray. Les efforts se concentrent désormais sur la restauration des habitats, afin d’offrir aux saumons des conditions optimales pour leur reproduction.
Un avenir prometteur
Les scientifiques et les tribus Klamath restent prudents mais optimistes. « La remontée des saumons cette année a été incroyablement passionnante », souligne Mark Hereford. Chaque jour apporte de nouvelles découvertes, et le programme de surveillance s’adapte en temps réel pour suivre ces poissons pionniers. « Nous avons la responsabilité de poursuivre les travaux de restauration pour assurer un avenir durable à ces espèces », ajoute William Ray.
Ce retour des saumons quinnats est un exemple inspirant de résilience naturelle et de coopération humaine. Il prouve que, avec des actions concertées, il est possible de réparer les dommages causés à l’environnement. Un message d’espoir pour les projets de restauration écologique à travers le monde.
Le voyage des saumons quinnats dans le bassin de Klamath est bien plus qu’une simple migration : c’est un symbole de renaissance. Après un siècle d’absence, leur retour offre une seconde chance aux écosystèmes et aux communautés autochtones. Un rappel puissant que la nature, lorsqu’on lui en donne les moyens, sait se reconstruire. Et si cette histoire inspire d’autres projets similaires, l’avenir des rivières et des espèces qui en dépendent s’annonce radieux.


