Solidarité agricole : comment un village a sauvé l’héritage d’un jeune paysan
À 18 ans, Lucas Wafflart rachète la ferme de son grand-père pour 115 000 € grâce à une mobilisation locale. Découvrez cette histoire inspirante de solidarité et de détermination en Lot-et-Garonne.
Mauvezin-sur-Gupie, 16 octobre 2025 — Lucas Wafflart, 18 ans, vient de vivre un moment qui marquera à jamais sa vie et celle de sa famille. Après des mois de suspense et de tensions, il a réussi à racheter aux enchères la ferme de son grand-père, Bernard Giol, pour 115 000 €. Une somme bien supérieure aux attentes, mais qui scelle une victoire collective, portée par une vague de solidarité locale.
Une bataille acharnée pour préserver un héritage familial
Tout a commencé avec la mise en liquidation judiciaire de l’exploitation familiale. La première tentative de vente, en juillet, fixait le prix à 140 000 € — un montant inaccessible pour la famille. Mais c’est sans compter sur la mobilisation des habitants, des agriculteurs et des associations locales. Sur les réseaux sociaux et dans la presse, un mot d’ordre s’est imposé : « Que personne ne surenchérisse ! »
Malgré cela, un retraité avait tenté de surenchérir de 10 %, provoquant une indignation générale. Sous la pression, il s’est finalement désisté, permettant une nouvelle vente à un prix plancher de 11 050 €. Mais le 16 octobre, la tension était à son comble : un avocat, représentant un particulier, a multiplié les surenchères, semant l’inquiétude dans la salle.
La solidarité comme force motrice
C’est finalement l’association Plan rouge agricole, soutenue par la Chambre d’agriculture, qui a permis à Lucas de l’emporter. Grâce à l’intervention de Me Bossut, son avocat, la ferme a été adjugée pour 115 000 €. Un soulagement immense pour Lucas, mais aussi une amertume pour certains, comme José Pérez, président de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, qui dénonce des pratiques « sans scrupules » envers les agriculteurs.
« Nous sommes écœurés que la vente ait atteint ce prix-là. Des gens n’ont aucun scrupule à assassiner des agriculteurs », a-t-il déclaré au Républicain. Pourtant, l’essentiel est là : la ferme reste dans la famille, et Lucas pourra, après ses études, réaliser son rêve de reprendre l’exploitation.
Un symbole d’espoir pour l’agriculture locale
Cette histoire résonne comme un symbole d’espoir pour les jeunes agriculteurs et les exploitations familiales. Elle prouve que la solidarité peut faire la différence, même face à des défis économiques et juridiques complexes. Lucas Wafflart incarne aujourd’hui la détermination d’une jeunesse prête à se battre pour ses racines.
« Sans le soutien de tous, je n’y serais jamais arrivé, » confie-t-il, ému. Son parcours rappelle que l’agriculture n’est pas qu’une question de chiffres, mais aussi d’humanité et de transmission.
Et demain ?
Pour Lucas, l’aventure ne fait que commencer. Il devra terminer ses études avant de reprendre pleinement les rênes de la ferme. Mais une chose est sûre : il ne sera pas seul. Toute une communauté veille sur lui, prête à l’accompagner dans ce nouveau chapitre.
Cette histoire, c’est aussi celle d’un territoire qui refuse de voir disparaître ses fermes et ses traditions. En Lot-et-Garonne, on l’a bien compris : quand on se serre les coudes, même les montagnes peuvent être déplacées.



