Stockage du carbone : la solution climatique est-elle enfin à portée de main ?
Peut-on stocker assez de carbone pour limiter le réchauffement climatique ? Une étude révèle que oui, à condition de combiner nature et technologie avec prudence.
Le carbone est au centre des promesses pour ralentir le changement climatique. Entreprises et gouvernements misent sur la neutralité carbone d’ici 2050, mais une question persiste : pouvons-nous stocker suffisamment de carbone, et assez longtemps, pour éviter un réchauffement catastrophique ? Une étude récente de l’Université de Cambridge apporte une réponse encourageante : oui, mais à condition de repenser notre approche et de cesser d’opposer nature et technologie.
Les risques liés à l’élimination du carbone
Le dioxyde de carbone (CO₂) persiste dans l’atmosphère pendant des siècles, amplifiant le réchauffement climatique. Éliminer le CO₂ de l’air ne suffit pas : il faut aussi garantir qu’il n’y retourne pas. Deux méthodes dominent aujourd’hui : les solutions naturelles (reboisement, biochar) et les technologies (captage et stockage géologique).
Les solutions naturelles, bien que moins coûteuses, sont vulnérables : les forêts peuvent brûler, les sols se dégrader, libérant à nouveau le carbone. À l’inverse, les technologies, comme les machines aspirant le CO₂ pour l’enfouir, sont plus sûres mais chères et lentes à déployer. Ce dilemme force les décideurs à choisir entre économie et efficacité.
Une planification intelligente du carbone sur des siècles
Des chercheurs de l’Université de Cambridge proposent une approche révolutionnaire : évaluer les risques de chaque méthode pour garantir un stockage durable. Leur modèle permet de calculer la quantité de carbone à stocker en surplus pour compenser les pertes futures.
Par exemple, si un projet repose sur des forêts en zone à risque d’incendie, il faudra stocker jusqu’à neuf tonnes de CO₂ pour une tonne émise. À l’inverse, un mélange équilibré de nature et de technologie réduit ce ratio à deux tonnes pour une. L’enjeu ? Éviter les fausses promesses et construire des portefeuilles carbone résilients.
Ce qu’exige réellement le zéro net
Les géants technologiques comme Microsoft et Meta investissent des milliards dans des projets de captage de carbone. Mais selon le Dr Conor Hickey, auteur principal de l’étude, « la stabilisation du climat exige une vision à long terme, pas seulement des compensations à court terme ».
L’étude montre qu’un mélange de solutions naturelles et technologiques peut fonctionner, à condition d’intégrer des marges de sécurité et de diversifier les approches. Le professeur Myles Allen insiste : « Pour respecter l’Accord de Paris, il faudra passer à un stockage géologique permanent d’ici 2050. »
Penser aux siècles à venir
Le Royaume-Uni et l’UE imposent désormais une durée de vie minimale de 200 ans pour les projets de stockage de carbone. Cette étude prouve que l’objectif est réalisable, mais seulement si nous abandonnons les solutions purement cosmétiques.
La clé ? Combiner nature et technologie, anticiper les risques, et investir dans des portefeuilles carbone durables. Comme le souligne Hickey : « Éliminer plus de carbone maintenant peut couvrir les risques futurs, à condition de bien doser nature et innovation. »
La lutte contre le réchauffement climatique passe par une gestion intelligente du carbone. Les solutions existent, mais leur succès dépendra de notre capacité à innover, à diversifier, et à penser non pas en décennies, mais en siècles. Une chose est sûre : l’heure n’est plus aux demi-mesures.