Textile circulaire : comment l’UE veut réduire 80 % de ses déchets
Découvrez comment l’Europe transforme les vieux vêtements en textiles recyclés de qualité grâce à une technologie révolutionnaire. Un pas vers le zéro déchet !

WAREGEM, Belgique — Dans une usine discrète du nord-ouest de la Belgique, une machine longue de 170 mètres opère dans le plus grand secret. Accessible uniquement par empreinte digitale, elle transforme des vêtements usagés en fibres textiles de haute qualité, prêtes à renaître sous forme de nouveaux produits. Cette innovation, fruit du projet européen tExtended, pourrait bien changer la donne dans la lutte contre les déchets textiles.
Une technologie unique au monde pour un recyclage d’excellence
À l’abri des regards, la machine de PURFI Manufacturing utilise un procédé appelé « recyclage mécanique doux ». Contrairement aux méthodes traditionnelles qui déchiquettent les tissus, cette technologie défait délicatement les fibres, préservant leur résistance et leur longueur. « La plupart du recyclage est en réalité du recyclage à la baisse », explique Koen De Ruyck, directeur général de PURFI. « Ici, nous transformons des vêtements usagés en produits de qualité, et non en chiffons ou en isolants. »
Chaque année, 7 millions de tonnes de déchets textiles finissent dans les décharges ou les incinérateurs en Europe, selon l’Agence européenne pour l’environnement. Le projet tExtended, qui rassemble des partenaires de 10 pays, vise à réduire ce gaspillage de près de 80 % d’ici 2030.
Un guide pour une industrie textile plus durable
Le projet ne se limite pas à la Belgique. En Finlande, le Dr Pirjo Heikkilä, coordinatrice du projet au Centre de recherche technique VTT, travaille à l’élaboration d’un guide pratique pour les producteurs. « Il existe très peu d’informations sur la manière de réutiliser les déchets textiles comme matières premières, » souligne-t-elle. Ce guide détaillera les meilleures méthodes de tri, de traitement et de réutilisation des textiles, en alignement avec la stratégie européenne pour des textiles durables et circulaires.
Pour Heikkilä, ce projet a aussi transformé ses habitudes personnelles : « Aujourd’hui, je privilégie les vêtements d’occasion et je vérifie leur origine. Je répare et je donne une seconde vie à mes habits. » Un exemple inspirant pour les consommateurs, même si elle rappelle que « la responsabilité principale incombe à l’industrie ».
Des essais prometteurs : du denim recyclé aux serviettes éco-responsables
À Waregem, les fibres recyclées sont testées pour leur qualité avant d’être transformées en fil. Des essais pilotes produisent déjà du denim recyclé, mélangeant déchets de production et vieux vêtements. L’objectif ? Un denim 100 % coton recyclé.
Au Portugal, l’entreprise JF Almeida, spécialisée dans les serviettes, expérimente des matériaux recyclés dans ses filatures. « Le développement durable fait partie de notre ADN, » affirme Liliana Miranda. « Nos clients demandent de plus en plus de produits recyclés. Ce projet nous permet d’innover et d’ouvrir de nouveaux marchés. »
Vers une Europe leader du textile durable
En réduisant l’incinération et en stimulant le recyclage, tExtended vise à réduire la dépendance de l’Europe aux matières premières importées et à renforcer la compétitivité du secteur. « L’Europe a l’opportunité de devenir un leader mondial des textiles durables, » déclare Heikkilä.
Cette initiative prouve que l’innovation et la collaboration peuvent transformer les déchets en valeur. Un modèle inspirant, bien au-delà des frontières européennes.
Et vous, seriez-vous prêt à adopter des vêtements 100 % recyclés ?



