Ukraine : des filets de pêche bretons pour stopper les drones russes
Découvrez comment les filets de pêche bretons, recyclés en boucliers anti-drones, sauvent des vies en Ukraine. Une initiative solidaire et ingénieuse face à la guerre moderne.

En Bretagne, des filets de pêche usagés prennent une seconde vie inattendue. Après avoir servi à capturer des poissons, ces équipements partent désormais pour l’Ukraine, où ils jouent un rôle crucial : intercepter les drones russes. Une initiative portée par des bénévoles, qui illustre l’ingéniosité et la solidarité face à la guerre moderne.
Un besoin urgent face à l’escalade des drones
La guerre en Ukraine a changé de visage. Les drones, autrefois marginaux, sont devenus une arme redoutable. La Russie utilise des appareils commerciaux modifiés, capables de frapper à plus de 25 kilomètres des lignes de front. Face à cette menace, l’Ukraine a trouvé une parade simple mais efficace : des filets tendus le long des routes, comme des toiles d’araignée géantes.
Début octobre 2025, 120 kilomètres de filets bretons ont déjà été acheminés. Un second convoi, transportant 160 kilomètres supplémentaires, a quitté la Bretagne vendredi dernier. « Quand nous avons commencé les convois humanitaires il y a trois ans, les drones n’étaient pas un problème. Aujourd’hui, c’est une guerre de drones », explique Gérard Le Duff, président de l’association Kernic Solidarités.
La Bretagne se mobilise : des pêcheurs aux bénévoles
À Roscoff, dans le Finistère, Christian Abaziou et Gérard Le Duff chargent inlassablement leur camion. « Ça sent le poisson pourri », plaisante Christian, 70 ans, en manipulant les sacs de filets. Ces deux bénévoles sont le cœur d’une chaîne de solidarité qui commence sur les quais bretons.
Jean-Jacques Tanguy, ancien président du comité des pêches du Finistère, résume l’état d’esprit des pêcheurs : « C’est de bon cœur. Nous sommes fiers de contribuer à sauver des vies. » Chaque année, des tonnes de filets usagés s’accumulent sur les ports. « Plutôt que de les retraiter, autant qu’ils servent à une bonne cause », souligne Marc-Olivier Lerrol, directeur adjoint du port de Roscoff.
Un voyage de 2 300 kilomètres vers le front
Les filets bretons entament un long périple. Stockés avec du matériel médical et des denrées alimentaires, ils sont transférés à la frontière polonaise, puis acheminés vers les zones les plus exposées, comme Zaporijjia ou Kherson. « Les Ukrainiens ont les larmes aux yeux quand on leur explique que des bénévoles bretons envoient ces filets pour les protéger », raconte un intermédiaire français sur place.
L’impact est immédiat. Les filets, tendus sur des poteaux, piègent les drones comme des insectes. « C’est une solution low-tech, mais redoutablement efficace », précise un soldat ukrainien.
Une solidarité qui s’étend à toute l’Europe
La Bretagne n’est pas seule. Des filets arrivent aussi de Suède et du Danemark, prouvant que cette mobilisation dépasse les frontières. Stéphane Pochic, armateur à Loctudy, a même expédié un chalut entier en août 2025. « C’est un geste symbolique pour montrer notre soutien », explique-t-il.
Christian Abaziou espère optimiser la logistique : « Idéalement, les Ukrainiens enverraient leurs propres camions en Bretagne pour récupérer les filets. » Une solution qui permettrait de pérenniser cette aide, malgré les contraintes budgétaires.
Une histoire de résilience et d’espoir
Cette initiative montre comment l’ingéniosité et la solidarité peuvent sauver des vies. Des filets de pêche bretons, destinés à la poubelle, deviennent des boucliers contre la guerre. « Vous êtes les bienvenus, revenez quand vous voulez ! », lance Marc-Olivier Lerrol aux bénévoles.
En Ukraine, chaque kilomètre de filet déployé est un pas vers la sécurité. Et en Bretagne, chaque pêcheur qui donne ses vieux filets sait qu’il contribue, à sa manière, à la paix.


