Une chienne et des drones pour sauver les orques menacées des îles San Juan
Une chienne détectrice et des drones révolutionnent la recherche pour sauver les orques résidentes du Sud aux îles San Juan.
Dans les îles San Juan, les orques résidentes du Sud sont en danger. Seules 74 subsistent. Pour les protéger, des scientifiques comme le Dr Deborah Giles adoptent une approche non invasive. À ses côtés, Eba, une chienne sauvée, détecte les excréments d’orques, révélant des données précieuses. Des drones innovants complètent cette mission en captant le souffle des cétacés.
Entre l’État de Washington et l’île de Vancouver, les îles San Juan forment un archipel paisible et vivant, où se réfugient les 74 dernières orques résidentes du Sud. Chaque jour, elles remontent des profondeurs de la mer des Salish, témoins silencieuses d’un écosystème fragilisé. Face à leur déclin, la science adopte une approche nouvelle : respectueuse, douce et innovante.
Une alliée au flair infaillible
Sur un bateau de recherche, la biologiste marine Dr Deborah Giles travaille en mer avec une collègue peu ordinaire : Eba, une chienne de sauvetage au flair exceptionnel. Trouvée abandonnée à Sacramento, Eba est aujourd’hui formée pour détecter les excréments d’orques, qui révèlent une mine d’informations : alimentation, hormones, toxines, microplastiques et plus encore.
Vêtue d’un gilet orange et parfois de lunettes de natation, Eba renifle l’air, repère les indices, et guide l’équipe vers les échantillons – tout cela sans jamais déranger les cétacés. « Grâce à elle, nous gardons nos distances avec les orques. C’est moins stressant pour elles », souligne Giles, membre de la SeaDoc Society.
Mémoire de Toki, avenir d’Eba
Le collier d’Eba porte un symbole fort : un morceau de néoprène ayant appartenu à Tokitae (ou Lolita), une orque capturée en 1970 et morte en captivité en 2023. Son retour vers les eaux natales était prévu. Elle ne l’a jamais connu. Ce geste, discret mais puissant, rappelle le lien profond entre les scientifiques et ces animaux.
Technologie au service du vivant
À bord, l’équipe collabore aussi avec James Sheppard et Charlie Welch, concepteurs de drones éco-responsables capables de collecter des échantillons de souffle d’orque à distance. L’objectif : analyser le matériel génétique, les hormones et la température corporelle sans contact direct, dans le respect total de l’animal.
Les données recueillies aident à comprendre les menaces : pénurie de saumon, pollution chimique et sonore, stress chronique. Autant de facteurs qui font chuter cette population unique, culturellement distincte des autres orques du Pacifique. Depuis les années 1990, leur nombre a baissé de près de 20 %.
Un enjeu culturel et écologique
Pour les tribus autochtones comme les Swinomish, ces orques sont bien plus que des animaux : elles sont famille. Leur disparition touche tout le tissu vivant. « Chaque perte nous affecte profondément », confie Alex Ramel, élu local.
Heureusement, grâce à Eba, aux drones et à l’engagement de chercheurs passionnés, la science montre qu’une approche douce peut offrir de l’espoir. Car comme le rappelle Giles : « Leur santé reflète la nôtre. En les aidant, c’est tout un écosystème que nous réparons. »