Grands fonds marins : un moratoire historique en Nouvelle-Calédonie
La Nouvelle-Calédonie impose un moratoire de 50 ans sur l'exploitation des grands fonds marins pour protéger les abysses et favoriser la recherche scientifique.
La Nouvelle-Calédonie a décidé d'instaurer un moratoire de cinquante ans sur l'exploitation des grands fonds marins, une mesure qui s'étendra jusqu'en 2075. Cette initiative vise à donner aux scientifiques le temps nécessaire pour explorer et mieux comprendre les abysses, tout en garantissant une exploitation durable des ressources maritimes. Le projet, qui a été clairement défini, a été approuvé par les élus du Congrès lors d'un vote qui a eu lieu mardi. Bien que le texte n'ait pas reçu un soutien unanime, il a été salué par les organisations environnementales, qui attendaient ce moment depuis deux ans. Le représentant du WWF, visiblement ravi, a quitté le coin visiteur du Congrès avec un large sourire, témoignant de la satisfaction que suscite cette avancée.
Ce moratoire, adopté par une majorité d'élus (32 voix pour et dix abstentions provenant des Loyalistes et du Rassemblement), dépasse largement les recommandations des associations environnementales, qui préconisaient une suspension de vingt-cinq à trente ans. Ainsi, pendant les cinquante prochaines années, seuls les scientifiques auront la possibilité d'explorer le parc de la mer de Corail, qui s'étend sur 1,3 million de kilomètres carrés, afin de découvrir les richesses qui se cachent sous la surface. Toutefois, cette exploration devra se faire de manière non invasive, garantissant ainsi la préservation de cet écosystème fragile tout en permettant une meilleure compréhension de ses enjeux.
Moratoire en Calédonie : enjeux et sanctions à prévoir
La position adoptée récemment ne fait pas l'unanimité, notamment auprès de Calédonie ensemble, le parti à l'origine de cette loi. Philippe Dunoyer, le porte-parole du mouvement, souligne que le moratoire récemment mis en place s'inscrit parfaitement dans les lignes directrices tant locales qu'internationales. Ce texte stipule également qu'un bilan de la situation sera réalisé au plus tard avant l'expiration de cette période de moratoire. En outre, des sanctions sont prévues pour ceux qui ne respecteraient pas cette pause, avec des peines allant de six mois à deux ans d'emprisonnement, ainsi qu'une amende dont le montant peut atteindre plusieurs millions de francs, en fonction de la zone concernée.
La Nouvelle-Calédonie est reconnue comme un véritable "hot spot" de la biodiversité mondiale, ce qui rend cette législation d'autant plus cruciale. Son espace maritime abrite près d'un tiers des récifs coralliens encore intacts, c'est-à-dire presque vierges, qui ne représentent plus que 1,5 % de l'ensemble des récifs présents dans les océans. Cette richesse naturelle unique souligne l'importance de protéger ces écosystèmes fragiles, et le moratoire vise à garantir leur préservation face aux menaces croissantes. En adoptant de telles mesures, la Calédonie espère non seulement protéger son environnement, mais aussi contribuer à la conservation de la biodiversité à l'échelle mondiale.
vu sur La 1ere France Info