L’Union européenne interdit le flufénacet, un pesticide très utilisé en France.
Le 12 mars, une décision marquante a été prise par les États membres de l'Union européenne : l'interdiction du flufénacet, le pesticide PFAS le plus répandu en France.
Ce pesticide, reconnu comme perturbateur endocrinien, a suscité de vives inquiétudes en raison de ses effets néfastes sur la santé. L'association Générations Futures se réjouit de cette avancée significative, à laquelle elle a activement participé. Cependant, elle insiste sur la nécessité d'adopter des mesures plus larges pour éviter que le flufénacet ne soit remplacé par d'autres substances tout aussi dangereuses.
Le flufénacet appartient à la catégorie des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) et est connu pour ses effets perturbateurs sur le système endocrinien, ce qui peut nuire au développement cérébral des fœtus et des nouveau-nés, exposant ainsi les femmes enceintes à des risques évitables. En outre, ce pesticide se décompose en acide trifluoroacétique (TFA), un autre PFAS extrêmement persistant qui pose des problèmes de contamination des nappes phréatiques et de l'eau potable. Les rapports récents de Générations Futures mettent en lumière ces enjeux cruciaux, soulignant l'urgence d'une action collective pour protéger la santé publique et l'environnement.
En 2013, d'après le rapport sur la qualité de l'eau du Ministère français de la Santé, des traces de flufénacet ont été détectées dans deux systèmes de distribution, affectant l'approvisionnement en eau potable de 75 habitants. Cela représente environ 0,3 % des cas d'eau jugée impropre à la consommation. En 2024, l'EFSA a classé le flufénacet comme un perturbateur endocrinien. De plus, près de 90 % des échantillons analysés par le Pesticide Action Network à travers l'Europe, ainsi que les trois quarts des échantillons prélevés en France, ont révélé des concentrations dépassant la limite de conformité de 0,1 microgramme par litre, ce qui rend ces eaux non conformes aux normes de qualité. Selon le quotidien Le Monde, si une surveillance réglementaire du flufénacet était mise en place en 2024, plus de la moitié des Français pourraient se retrouver avec une eau ne respectant pas les normes de qualité.
En outre, en 2019, des cas de résistance au flufénacet ont été observés en Allemagne et au Royaume-Uni, notamment sur le vulpin des champs et le ray-grass, entraînant une perte d'efficacité d'environ 10 %. Concernant cet herbicide ainsi que le prosulfocarbe, des études menées sur des semences de Vulpin et d'Ivraie par l'INRAE ont montré que certaines populations d'adventices présentent un risque avéré de résistance à ces substances. Ces résultats soulignent l'importance de surveiller l'impact des herbicides sur l'environnement et la santé publique, tout en mettant en lumière les défis croissants liés à la gestion des résistances dans l'agriculture moderne.