Un vaccin en spray nasal efficace chez les animaux bientôt pour les humains.
Un vaccin en spray nasal représente une avancée médicale fascinante, tant pour les animaux que pour les humains. Dans un futur proche, il est envisageable que les traditionnelles aiguilles de ...
Dans un futur proche, il est envisageable que les traditionnelles aiguilles de vaccination deviennent obsolètes. À Lille, un chercheur passionné consacre depuis trois décennies ses efforts à la création d'un vaccin nasal en spray. Grâce à son entreprise Vaxinano, il a déjà réussi à sauver des primates atteints de toxoplasmose. Cette innovation pourrait bientôt être adaptée pour traiter diverses maladies chez l'homme, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles possibilités thérapeutiques.
Le lieu où se déroule cette recherche, bien que modeste, se situe à proximité du Centre hospitalier de Lille, au cœur d'un environnement propice à l'innovation, soutenu par l'agence Eurasanté. Dans cet immeuble sans prétention, Didier Betbeder, un chercheur reconnu dans le milieu scientifique, travaille sur son vaccin nasal. Sa réputation repose sur son ingéniosité et sa persévérance, ayant déposé six brevets au cours de ses trente années de recherche et publié une centaine d'articles dans des revues prestigieuses. Son travail acharné témoigne de son engagement à transformer le paysage de la vaccination.
Ne lui dites surtout pas que c'est un spray à inhaler, car ce n'est pas le cas. Il s'agit en réalité d'un spray nasal, conçu spécifiquement pour cibler les muqueuses nasales plutôt que les poumons. Cette idée a vu le jour en 1992, lorsque Didier Betbeder a réalisé que la majorité des infections pénètrent par les muqueuses, où le système immunitaire est actif à hauteur de 70 %. En tant que pionnier dans le domaine, il a commencé à développer un vaccin nasal, utilisant une "plate-forme de nanoparticules" qui sert de vecteur pour combattre les virus, bactéries et parasites. L'innovation majeure réside dans la création de nanoparticules capables d'imiter la manière dont les virus traversent les muqueuses pour administrer le vaccin, tout en évitant l'utilisation de vaccins vivants infectieux.
Les nanoparticules utilisées dans ce vaccin sont élaborées à partir de polysaccharides, qui sont des glucides, et de maltodextrine, un dérivé de l'amidon. Pour mener à bien ses recherches, Didier Betbeder collabore avec l'entreprise Roquette, située dans le Pas-de-Calais. Il souligne que l'avantage de l'administration nasale est qu'elle favorise une immunité capable de bloquer à la fois l'infection et sa transmission. Cela permet la production d'anticorps qui neutralisent le virus avant qu'il ne puisse nous infecter. En comparaison avec les vaccins traditionnels, ce spray nasal ne nécessite pas d'adjuvant, ce qui signifie qu'il ne provoque pas d'inflammation. De plus, il offre deux types d'actions : l'une par le biais des anticorps dans les muqueuses et l'autre en détruisant les cellules déjà infectées par le virus. Ainsi, ce vaccin pourrait jouer un rôle à la fois préventif et curatif.
En 2016, Didier Betbeder a lancé une entreprise pour commercialiser son innovation dans le domaine des dispositifs médicaux, un processus qui demande beaucoup de temps. Vaxinano s'est d'abord concentré sur les zoonoses, ces maladies transmissibles de l'animal à l'homme, en développant des vaccins contre des infections comme la toxoplasmose, la leishmaniose et la colibacillose. Les premières doses de vaccin ont été distribuées dans des parcs animaliers à travers le monde, ciblant principalement les primates et les espèces menacées. À ce jour, plus de 27 espèces de primates ont été vaccinées, avec plus d'un millier de doses administrées. Le parc zoologique Pairi Daiza en Belgique a été l'un des premiers à bénéficier de cette vaccination. Alicia Quiévy, vétérinaire du parc, utilise le vaccin nasal de Vaxinano depuis cinq ans. Selon Alicia, les résultats sont clairs : le parc n'a enregistré qu'un seul décès dû à la toxoplasmose ces dernières années, celui d'un bébé lémurien qui n'avait pas encore été vacciné.
Avec l'émergence de cette nouvelle technologie, la question de son application pour le traitement des humains se pose naturellement. Didier Betbeder, le fondateur et président de Vaxinano, l'affirme : l'objectif est d'élargir l'activité vétérinaire de l'entreprise pour inclure le secteur humain. Le chercheur espère débuter des essais cliniques pour les humains d'ici 2027. Pour relever ce défi, le financement est crucial. Vaxinano a récemment levé 6 millions d'euros, ce qui lui permet de lancer la production à grande échelle de sa "plate-forme de nanoparticules", avec plusieurs millions de doses en cours de fabrication.
vu sur France 3